Les taux de croissance des grands pays émergents pourraient être trop élevés pour être sains comme le montrent les tensions inflationnistes en hausse, a souligné, lundi, un haut responsable du Fonds monétaire international. "Dans les économies émergentes, qui connaissent une croissance de 6,5% ou 7%, la marge de capacité excédentaire a largement été consommée, et nous observons en conséquence de premiers signes de surchauffe", a déclaré le directeur général adjoint du FMI, John Lipsky, lors d'un entretien à Reuters Insider. La Chine et le Brésil, mais aussi d'autres grands émergents, s'efforcent de contenir leur inflation et de mieux contrôler les abondants flux de capitaux d'investissement qui s'orientent vers leurs marchés. Le FMI souligne depuis plusieurs mois le risque que représente ce phénomène. La hausse des cours du pétrole a aggravé le phénomène d'inflation, mais selon John Lipsky, le FMI n'a pas abaissé sa prévision de croissance, jugeant que la montée du pétrole ne serait que temporaire. Selon lui, la hausse observée jusqu'à ce que les troubles en Afrique du Nord s'étendent à la Libye reflétait l'amélioration de la situation économique mondiale. Après la contagion à ce grand pays producteur, un "facteur de peur" est apparu, qui a propulsé le prix du baril au-delà des 100 dollars. Dans les marchés émergents, ralentir la croissance sans infliger de dommages à l'économie mondiale requiert du doigté. La Chine a fait de la lutte contre l'inflation sa priorité de l'année. Au Brésil et dans d'autres pays, les taxes imposées aux investisseurs étrangers ont été relevées, tout comme le taux de réserves obligatoires des banques, le tout avec la volonté de mieux canaliser les flux de capitaux. John Lipsky a exprimé son scepticisme concernant ces mesures dites de "contrôle de capitaux". Si elles sont selon lui probablement nécessaires et utiles à l'occasion, elles restent moins efficaces que d'autres méthodes telles que l'ajustement des taux de change ou de la politique monétaire et fiscale.Par ailleurs Lipsky a affirmé que le FMI est disposé à s'associer à l'Europe pour aider les pays endettés au cas par cas. Dans un entretien diffusé lundi par Reuters Insider, John Lipsky signale que les autorités européennes ont dit qu'elles présenteraient un mécanisme global pour gérer les tensions économiques et financières de la zone euro. "Il faut voir les détails", a-t-il dit. "Il est évident que tout le monde, marchés, investisseurs, citoyens, veut voir des progrès concrets". Lipsky a également dit que les troubles en Afrique du Nord et au Proche-Orient avaient généré un "facteur de peur" qui faisait flamber les cours pétroliers et ajouté que les perspectives de croissance pourraient s'en trouver affectées si cette flambée durait. Il a ajouté que le FMI n'avait pas encore ajusté ses prévisions de croissance pout tenir compte de cet élément, à son avis momentané. Le directeur général adjoint du FMI a enfin dit qu'un contrôle des capitaux pouvait s'avérer nécessaire et utile dans certaines circonstances mais a ajouté que ces dernières sans doute étaient rares.