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Quand Hamel mettait la DGSN au service de «Mme Maya»
PROCÈS DE LA FAUSSE FILLE DE BOUTEFLIKA
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 10 - 2020

Le dossier de Mme Maya restera à l'évidence longtemps gravé dans les annales du tribunal de Chéraga où les puissants d'hier ont tenté de se disculper comme ils pouvaient, de minimiser le rôle qu'ils ont pu jouer dans un épisode qui reflète au mieux l'ampleur de la gabegie qui régnait alors dans le système Bouteflika.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Qui lui a octroyé la couverture de «fille de Abdelaziz Bouteflika » ? Qui l'a aidée à s'introduire jusqu'au sommet de la présidence de la République et garder sa couverture durant de longues années ? Aucun de ces éléments de réponse n'a percé ce jeudi, second jour du procès de Mme Maya durant lequel résonnent encore les propos qu'elle avait tenus la veille : «Mes liens avec Bouteflika étaient très forts.» Nul ne pourra pourtant en attester.
Le témoignage de l'ex-secrétaire particulier de Abdelaziz Bouteflika
Le premier maillon de la chaîne, premier personnage à avoir eu affaire avec Nechnach Zoulikha Chafika était pourtant présent à la barre. Mohamed Rougab, ex-secrétaire particulier de Abdelaziz Bouteflika, a été auditionné en qualité de témoin, un statut qui aurait pu lui épargner une comparution en vertu de la loi qui permet au tribunal de se suffire d'une déclaration écrite, mais la défense des prévenus insistait depuis longtemps sur sa présence. Face au juge, il reconnaît avoir été chargé par l'ancien président de la République de contacter Mohamed Ghazi à l'époque où ce dernier était wali de Chlef. «Abdelaziz Bouteflika m'a chargé de contacter Mohamed Ghazi pour un projet de construction d'un parc d'attractions que voulait entreprendre Mme Nechnach Zoulikha en 2004», répond-il.
Le juge lui demande également de regarder dans la salle et d'identifier la concernée. Rougab s'exécute et affirme, sans tarder, reconnaître celle qu'il avait «reçue une seule fois à la présidence de la République». «Je ne la connaissais pas auparavant, ajoute-t-il, et c'est par la presse que j'ai appris qu'elle était surnommée Mme Maya». Son témoignage s'arrête là, il est autorisé à quitter la salle s'il le désire. Le seul nom de ministre qu'il cite donc est celui de Mohamed Ghazi.
L'ancien ministre du Travail paraît encore plus fatigué que la veille. Mercredi, ses avocats avaient regretté le fait que le dossier médical de leur client, atteint d'Alzheimer, n'ait pas été versé à son dossier. Ils ont exigé que Ghazi soit soumis à un contrôle médical physique et mental avant de poursuivre la séance.
Le médecin assermenté auprès du tribunal de Chéraga s'est acquitté de la tâche avant de conclure à la détérioration de l'état du prévenu depuis sa dernière visite.
Ce jeudi matin, Ghazi est, dit-on, dans un état pire que celui de la veille. Il est soumis à une nouvelle visite médicale qui nécessite une levée de la séance.
L'ancien ministre sort de la salle soutenu par des gendarmes. Ses pas sont très incertains, ses mains tremblent énormément. Après un moment, le médecin livre son verdict, Ghazi est en mesure d'être auditionné. Les avocats tentent d'obtenir une expertise psychiatrique pour évaluer ses compétences, mais le tribunal refuse. Son audition commence : «J'ai rencontré Mme Maya sur demande de Mohamed Rougab, il m'a dit que je devais l'aider car elle fait partie de la famille de Abdelaziz Bouteflika, c'est sur cette base que le projet du parc d'attractions lui a été octroyé, elle a également obtenu un autre terrain dans cette même wilaya, j'ai agi ainsi avec elle car elle m'a été présentée comme étant la fille de l'ancien président de la République.»
Zaâlane : «j'ai tout raconté à Saïd Bouteflika»
Dans son témoignage, Abdelghani Zaâlane va plus loin. L'ex-ministre des Travaux publics est poursuivi en qualité d'ancien wali d'Oran. Il nie d'emblée tous les faits qui lui sont reprochés. «Je ne connais pas Mme Maya, dit-il, je ne l'ai jamais rencontrée de ma vie, la première fois que je l'ai vue, c'était dans les couloirs des tribunaux, nous n'avons jamais eu de contact, elle ne m'a jamais appelé et je ne l'ai jamais appelée ou rencontrée.» Il poursuit : «Je me suis investi dans mon travail, quatre ans à la wilaya d' Oran et 34 ans dans les collectivités locales, durant les derniers mois de ma fonction à Oran, j'ai reçu un appel téléphonique de Mohamed Ghazi, il m'a dit en ces termes : ‘'le président de la République et sa sœur vont t'envoyer des membres de leur famille, tu dois les prendre en charge'', mais il ne m'a pas fourni le motif de leur visite, je lui ai alors donné la date du rendez-vous puis je lui ai demandé de leur dire qu'ils devaient se présenter uniquement au nom de Mohamed Ghazi. Quelques jours plus tard, j'ai reçu la visite de deux personnes, Belaïd Abdelghani et Benaïcha. Ce dernier m'a demandé de lui octroyer un terrain pour la construction d'un centre commercial à Oran, je lui ai répondu qu' il n'y avait pas de terrain disponible à Chtiba, mais que dans la zone de Tafraoui, il y avait un terrain et qu' il pouvait y construire une chambre froide. J'ai remarque qu'il avait des attitudes particulières car il venait de la part du président de la République. Après cette rencontre, j'ai pris attache avec le frère et conseiller de Bouteflika et je lui ai tout raconté. Saïd Bouteflika m'a répondu que ni lui ni sa sœur ne lui avaient adressé ces personnes mais qu'elles venaient de la part de Ghazi sur demande de Mme Maya. J'ai alors senti que j'avais été floué et j'ai donc pris la décision d'annuler l'octroi du terrain demandé, je suis victime.»
Des policiers enfoncent Hamel
Avant d'auditionner l'ancien responsable de la DGSN, le tribunal décide d'interroger trois témoins qui vont, en quelques phrases, démentir toutes les affirmations précédentes de Mme Maya. «Je n'ai bénéficié d'aucun traitement de faveur», avait affirmé cette dernière au juge, au premier jour du procès. Les deux policiers qui se tiennent à la barre déclarent l'inverse : «Le responsable de la Sûreté nationale a donné l'ordre de placer des caméras de surveillance dans la villa de Moretti car elle avait fait l'objet d'un cambriolage, il disait que cette maison appartenait à Hamel.» Ce responsable témoigne à son tour : «Hamel, dit-il, m'a demandé de mettre en place un dispositif de sécurité fixe devant la villa 143».
Cette fois, le juge appelle l'ancien patron de la DGSN. «J'ai rencontré Mme Maya deux fois dans ma vie, la première fois c'était au domicile de Ghazi en présence de son épouse et de ses enfants, la seconde fois je l'ai reçue à la demande de Ghazi qui m'avait dit que la fille de Bouteflika voulait me voir.» «La première fois nous avons déjeuné ensemble durant deux heures, la seconde rencontre a eu lieu après qu'elle eut fait état d'un cambriolage chez elle. Elle m'a demandé de l'aider à placer des caméras de surveillance, c'est elle qui a payé les factures, et voulait une protection.» À la demande du juge, il fournit davantage d'explications :
«Les policiers qui ont placé les caméras sont affiliés à la direction des ressources techniques de la DGSN», dit-il. Le juge l'interroge encore : «Avez-vous envoyé un policier dresser le chien de Mme Maya ?» Hamel ne répond pas. «À ma connaissance, dit-il, le dressage des chiens ne fait pas partie des prérogatives de la DGSN.» Le juge : «Vous niez aussi avoir fourni une protection personnelle à Mme Maya et un chauffeur à ses filles ?» Hamel nie : «Mes instructions étaient claires, ajoute-t-il, et concernaient les caméras de surveillance et la protection du domicile». L'après-midi s'achève sur une note qui laisse entrevoir la sévérité des peines que risquent les prévenus. Des peines de quinze ans de prison ont été requises à l'encontre de Mme Maya, Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaâlane. Douze ans de prison sont requis à l'encontre de Abdelghani Hamel et dix ans à l'encontre des deux filles de la principale accusée.
A. C.


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