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Dégradé en compétition aux JCC
Vivre et mourir dans la volupté
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 11 - 2015

De notre envoyée spéciale à Tunis, Sarah Haidar
Projeté mercredi soir dans une salle archi-comble, le long-métrage palestinien Dégradé de Arab et Tarzan Nasser nous prend littéralement de court. Huis clos aux allures loufoques, le film ne tardera pas à se transformer en une véritable descente aux enfers.
A Ghaza, nous nous attendons à tout et surtout aux bombes, aux cadavres déchiquetés, aux maisons pulvérisées, à la représentation frontale d'un drame interminable... Mais Arab et Tarzan Nasser, deux frères jumeaux issus de cette ville et vivant en Jordanie depuis quatre ans, semblent avoir compris qu'au cinéma, moins on est démonstratif plus on est percutant et qu'à l'overdose des discours directs de plus en plus vains, il fallait opposer l'antidote d'un art subversif à la fois dérangeant et totalement inédit. Dégradé est de ce point de vue l'un des plus grands films de ces dernières années dédiés à la tragédie palestinienne, et ce n'est nullement par le spectacle sanguinolent des atrocités commises que les deux cinéastes entendent bouleverser leur public.
Ils optent plutôt pour une formule pernicieuse en explorant l'antichambre de la ville à travers un huis clos, construit comme un boléro, réunissant un groupe de femmes ghazaouies coincées dans un salon de coiffure. Arab Nasser présent lors de la projection raconte une anecdote avant le lancement du film : «En pleins bombardements sur Ghaza en 2014, j'étais en Jordanie. J'ai difficilement réussi à joindre ma mère sur Skype ; elle était essoufflée et lorsque je lui ai demandé ce qui se passait, elle m'a répondu qu'elle était en train de nettoyer la cage d'escaliers. Je me suis alors étonné qu'au beau milieu d'un massacre, elle s'occupe du ménage et elle me rétorque : ‘'Je m'occupe comme je peux ! Si je survis, j'aurais fait quelque chose d'utile ; si je meurs, les gens trouveront la maison propre quand ils viendront ramasser mes restes'' !» C'est sans doute cet esprit à la fois insouciant face à la mort et héroïquement attaché aux plaisirs simples de la vie qui habite Dégradé, un véritable ovni dans le paysage cinématographique palestinien. On se souvient certes du Cochon de Ghaza, une comédie aigre-douce de Sylvain Estibal mais Arab et Tarzan vont encore plus loin en enfreignant tous les codes du genre et en trompant, jusqu'au bout, les attentes du spectateur. Nous sommes donc dans un salon de coiffure tenu par une ressortissante russe mariée depuis des années à un Palestinien. Ses clientes n'ont rien d'un panel de personnages «représentatifs» de l'idée qu'on se fait de Ghaza : la charismatique Hyam Abbas campe le rôle d'une femme-cougar combattant la déchéance de l'âge, l'incroyable Manal Awad dans la peau d'une camée, Mirna Sakhla, la bigote islamique, Dina Shebar la nouvelle mariée et Meissa Abdelhadi amoureuse d'un voyou qui vient avec sa famille mafieuse de voler un lion du zoo de Gaza... Le nœud de l'histoire est là justement : pour affirmer sa mainmise sur la ville, le Hamas envoie une patrouille pour récupérer l'animal et donner ainsi une leçon à ce clan puissant qui fait sa loi dans le quartier. La première tentative échoue et l'homme campé par Tarzan Nasser continue à se pavaner avec le lion devant le salon de coiffure où son amoureuse, torturée par leur relation, essaie tant bien que mal de travailler. S'installe alors une atmosphère qu'on aurait qualifiée d'irréelle si le récit n'était pas construit de manière à donner à chaque personnage une consistance et un ancrage d'une puissante humanité. Mais la prouesse des deux cinéastes aura été de composer d'une main de maître un drame allant crescendo jusqu'à atteindre des pics de tension vertigineux.
Le huis clos féminin va muer progressivement d'une cohabitation plus ou moins cacophonique entre différents tempéraments à une chorégraphie endiablée de blessures, de rancœurs et de traumatismes qui finiront par former le visage même de la tragédie ghazaouie, laquelle change ainsi de sexe même si les bruits assourdissants des combats intra-palestiniens nous parviennent du dehors lorsque le Hamas décide de sortir l'artillerie lourde pour récupérer... un lion volé !
La tension est maintenant difficilement supportable car Arab et Tarzan ont sournoisement élaboré une mise en scène à l'image de leur scénario, lente et irrésistible descente aux enfers d'un territoire meurtri, non seulement par l'occupant mais aussi par ses propres enfants fratricides. La réalité surgit, donc, avec une violence et une cruauté jusque-là dissimulées sous les vapeurs hédonistes du salon de coiffure et l'on aura tous, à la salle Colisée, succombé à un piège cinématographique tout simplement sublime !


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