Digromed, unit� de Belouizdad. Depuis pr�s de deux mois que leur unit� ne fonctionne plus, les travailleurs gr�vistes s�y retrouvent tous les jours. Wassila Zegtitouche - Alger (Le Soir) - Pancartes et banderoles placard�es sur les murs portent les m�mes slogans. Seul le nombre de mois sans salaires aura chang�. �Huit mois de salaires impay�s�, �1 000 familles affam�es, la responsabilit� des dirigeants�, peut-on lire. Et le combat pour une survie continue� Ils sont pr�s d�une vingtaine de travailleurs rassembl�s devant cette unit� de production hier. La d�claration de Tayeb Louh, ministre du Travail, de l�Emploi et de la S�curit� sociale, optimisant le paiement des arri�r�s de salaires de 22 000 travailleurs, d�cision prise par le gouvernement Ouyahia, ne semble nullement avoir �branl� les gr�vistes. Une promesse qui perdure depuis plus de deux ans. Un plein d�sespoir peut se lire sur les visages des gr�vistes. Interrog�s sur leur situation actuelle, les travailleurs n�h�sitent pas � r�pondre �rien d�inchang�, rien de concret�. Suivant l�actualit�, ils estiment la d�cision d�Ouyahia de positive mais doutent, tout de m�me, de sa v�racit�. �En tant que journaliste, pourriez-vous nous confirmer cette information ?� interroge l�un d�entre eux. Et d�ajouter �la direction n�en a pas �t� inform�e�. Pourtant, l�on n�a pas cess� de r�it�rer les directives donn�es par le chef du gouvernement aux diff�rentes SGP pour le versement des arri�r�s de salaires aux quelque 21 288 (selon l�UGTA) travailleurs dans divers secteurs. Une initiative appuy�e et encourag�e par l�Union g�n�rale des travailleurs, qui compte finaliser un listing des ayants droit. Cens�e �tre une lueur d�espoir, cette information les plongera � nouveau dans le d�sarroi. Celle-ci se serait accompagn�e d�un verdict : la suspension �arbitraire� de deux mois de salaire � ces gr�vistes. Les travailleurs de Digromed se disaient pr�ts � arr�ter la gr�ve. �Nous avions d�cid� de cesser la gr�ve apr�s l�annonce faite par le gouvernement. Mais apr�s avoir appris la suspension de nos salaires nous nous sommes r�tract�s. Une telle sanction est ill�gale et inadmissible�, s��crient en ch�ur les gr�vistes. Et de rench�rir �c�est une provocation�. Selon leurs propos, la d�cision est effective, et les directeurs auraient �t� saisis par �crit pour l�application de cette �sanction�, encourag�e par l�employeur lui-m�me. D�termin�s, les salari�s insistent sur le fait que cette gr�ve durera jusqu�� satisfaction de toutes leurs revendications. Celles des 996 salari�s Digromed � travers le pays se r�sument essentiellement en l�application int�grale du protocole d�accord finalis�, se rapportant aux d�parts volontaires et ou aux retraites. Cette situation pr�vaut �galement dans les unit�s de l�est, du centre et de l�ouest du pays, o� la dur�e des salaires impay�s varie entre 2 et 9 mois, soutient M. Berra� Habib, membre du syndicat et du comit� de participation. �Nous d�plorons le mutisme des responsables Digromed et ceux de Gephac.� Par ailleurs, concernant la probable reprise de la majorit� des actifs de Digromed par Saidal, les avis diff�rent. Sept � neuf sites de Digromed sur les treize existants sont appel�s � �tre r�am�nag�s par Saidal, dont l�unit� de Belouizdad, estime-t-on. �En tant que partenaire social, nous n�avons re�u aucune information concernant un partenariat avec Saidal. La seule correspondance que nous ayons re�ue est la d�cision du non-paiement de deux mois de nos salaires. Pourtant, la gr�ve est l�gale�, estiment les repr�sentants des salari�s. M. Berra� souligne que des discussions sont tenues avec la F�d�ration de la sant�. Cet organisme aurait fourni beaucoup d�efforts en collaboration avec l�UGTA pour trouver une issue � cette situation. Cependant, on affirme que Saidal et Digromed n�associent pas le partenaire social dans la prise de d�cision. A noter que la reprise des actifs par Saidal induit le transfert de nombre d�employ�s. Quelques indiscr�tions laissent entendre que des responsables du groupe Saidal se sont d�j� d�plac�s pour l�inspection du site. On rel�ve �galement que �des listes de transfert d�employ�s vers Saidal ont d�j� �t� �tablies�. Une �ventuelle d�localisation vers une nouvelle entreprise provoquera de nombreuses r�actions parmi les gr�vistes. Pour les travailleurs appel�s � partir en retraite, ce transfert s�il a lieu bien s�r, profitera aux jeunes employ�s. Cette situation met fin � une fiction tenace : cette entreprise n�aurait pas eu lieu d��tre et ses travailleurs n�ont plus de droits. Enfin, des d�cisions abstraites pour des souffrances concr�tes. A l�instar de quelque 20 000 travailleurs sans salaire depuis des mois, voire des ann�es, les employ�s de Digromed essaient tant bien que mal de maintenir le cap. �Nous ne pouvons plus payer nos dettes. Un des travailleurs a mis fin � sa vie dans la r�gion d�Oran�, se d�solent les contestataires.