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Vêtements pour fêter l'Aïd: C'est déjà la saignée !
Publié dans Le Temps d'Algérie le 04 - 06 - 2018

Alors que le mois sacré a mis les ménages à genoux, malgré les assurances des pouvoirs publics de réguler le marché de la consommation, voilà que d'autres dépenses et non des moindres viennent achever les chefs de famille.
13h tapantes dans le quartier populaire Ferhat Boussaad (ex-Meissonnier) en ce premier jour de juin où le beau temps reste réticent à la faveur des perturbations atmosphériques persistantes pendant que la saison estivale est officiellement annoncée. Les gens n'ont d'ailleurs, pour un bon nombre, pas encore opté pour la tenue légère. La rue commerçante grouille de monde et les magasins sont parés de leurs plus beaux atours. Normal pour cette période qui constitue le pic des achats, notamment ceux destinés aux enfants. Le compte à rebours des fêtes de l'Aïd a commencé. Les femmes accompagnées de leur progéniture sont plus nombreuses que les hommes. La première d'entre elles que nous abordons dans une boutique de prêt-à-porter traîne trois enfants dont le plus jeune tire nonchalamment sur sa sucette en ayant du mal à suivre sa maman. Cette dernière confie d'abord que son mari n'a pas pu se libérer pour l'accompagner. Elle a par conséquent la charge de dégoter à ses chérubins les frusques qui conviendraient à chacun d'eux. Mission difficile, souligne-t-elle d'emblée, au vu des prix affichés mais surtout en rapport au budget alloué à cette sortie où l'on est obligé d'être près de ses sous. «Je n'ai pas plus de 10.000 da dans mon porte-monnaie pour satisfaire mes petits et je ne peux, quoi qu'il en soit, dépasser cette somme. D'ailleurs même le taxi y est compris». Elle nous apprendra que son mari, cadre moyen chez un privé, a toutes les difficultés du monde pour boucler le mois. «Avec le niveau de vie actuel, c'est tout juste si on ne s'endette pas. Faire des économies, c'est une vue de l'esprit. J'espère qu'aujourd'hui je réussirai la prouesse de les satisfaire en restant dans la limite de ma modeste bourse», conclut la dame avant de prendre congé de nous en ayant le regard braqué sur une série de jeans made in Turquie. En quittant le magasin, notre attention est attirée par un enfant d'une dizaine d'années en prise avec ses parents. Le mioche a craqué pour une paire de baskets dont le prix est jugé excessif par son père. Sale temps pour le paternel.
Une aventure pour 15 000 da
Sid Ahmed est pensif. La conversation qu'il a avec sa femme à l'entrée d'un magasin de la rue Hassiba Ben Bouali n'augure rien de bon pour le reste de la journée. Réticent avant d'accepter de se confier, il raconte son aventure qui ne peut laisser indifférente une âme sensible. «Cela fait des mois déjà que je me prépare à cet évènement. J'ai cinq enfants entre 6 et 15 ans et je ne dispose que de 15 000 da pour leur acheter de quoi passer l'Aïd. Le mois de Ramadhan, en dépit de toutes les frustrations concédées, nous a laissés sur le carreau à une dizaine de jours de sa fin. Comment faire devant une situation pareille ? D'un côté, il faut faire plaisir aux enfants et de l'autre, on fait face à des prix au-dessus de nos moyens. J'ai bien peur de ne pas réussir mon devoir de père de famille. Vous savez, l'Aïd chez nous, c'est sacré, et on doit se soumettre aux exigences de la circonstance même avec peu. Un sacrifice pour le plaisir de sa progéniture tout en oubliant sa propre personne», raconte l'infortuné père. Il avoue avant de nous quitter qu'il ne peut se permettre quant à lui de s'acheter une paire de chaussures. Nous ne pouvions que lui souhaiter bonne chance si toutefois celle-ci existe réellement.
La friperie pour sauver la face
Le commerce des vêtements utilisés ne date pas d'aujourd'hui. Une catégorie de citoyens y est abonnée à l'année. Toutefois si la chose est admise le restant de l'année, elle paraît délicate pour l'Aïd dès lors qu'il s'agit d'un évènement exceptionnel nécessitant une exception. Il faut donc des vêtements neufs. Et pourtant, de plus en plus de gens recourent, par nécessité, à cette pratique, d'autant plus que souvent on tombe sur de bonnes occasions à des prix défiant toute concurrence. C'est dans une des friperies d'Alger-Centre que nous avons rencontré Mohamed, un de ceux qui écument ce genre de commerce.
Il voit plutôt différemment les choses comme il tient à le préciser : «Avec un budget de 8000 da, j'ai pu l'an passé répondre à la demande de mes trois enfants. Tenez-vous bien, le rapport qualité /prix est de mise. Ceux qui ont des préjugés sur la friperie se trompent car on peut trouver des vêtements en très bon état et de grande marque. Il m'arrive souvent de dénicher des fringues de label mondialement connu dont les prix se discutent à dix fois, voire plus dans les magasins huppés de Hydra ou de Chéraga. Personnellement, je n'éprouve aucune honte ni réticence à venir dans ce genre d'établissement, l'essentiel est de trouver l'objet qui me convient».
Ce qui n'est pas le cas pour d'autres voyant en ces lieux un avilissement d'acheter des vêtements portés par d'autres. Rachid en fait partie. Accompagné de son épouse, ils sont restés un bon moment à l'entrée du magasin avant de se décider à franchir le seuil. Selon lui, seul le manque de fonds explique le recours à la friperie. «Je n'ai pas le choix», dira-t-il déçu quelque peu d'en être arrivé là. Il confie que depuis qu'on lui a changé de poste de travail suite à sa maladie, il n'arrive plus à joindre les deux bouts. «Ce n'est pas avec un salaire de 24.000 da, poursuit-il, qu'on peut faire vivre six personnes. On est là aujourd'hui pour acheter quelques vêtements à nos trois enfants. On essaiera de dégoter des choses convenables. Lavés et bien repassés, les vêtements auront un aspect meilleur. Cela me cause énormément de peine mais je ne peux faire mieux. L'Aïd c'est un ou deux jours de fête et on oublie tout. Nous prions le Tout-Puissant qu'il nous donne la bonne santé, seul vrai capital dans la vie». Il a bien raison le stoïcien. «Les plus belles vies sont, à mon gré, celles qui se rangent au modèle commun et humain, avec ordre mais sans miracle et sans extravagance». Montaigne (Essais).


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