Le ministre du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, Mourad Zemali, a dévoilé hier que le gouvernement consacre une enveloppe de dix milliards de dollars annuellement à l'éducation et à la formation des enfants. En marge de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre le travail des enfants (12 juin), le ministre du Travail, de l'emploi et de la Solidarité nationale a déclaré hier que l'Algérie a déployé tous les moyens matériels pour endiguer le phénomène du travail des enfants, soulignant que la Constitution algérienne consacre l'obligation et la gratuité de la scolarisation des enfants dès l'âge de 6 ans jusqu'à 16 ans. Dans ce sens, l'Etat a mis en place un programme de formation, dédié spécialement aux enfants touchés par le phénomène de la déperdition scolaire, dans des centres de formation professionnelle à travers plusieurs wilayas du pays. Abordant le travail des enfants, Mourad Zemali a déclaré que même si ce phénomène existe, il est très minime, ajoutant que «nous ne cautionnons pas le travail des enfants, même si le taux est de l'ordre de 1 pour 1000», et que «la loi de finances actuelle a durci les sanctions à l'encontre des contrevenants, et cela doit alerter toute la société». M. Zemali a déclaré que la Constitution a consacré les droits de l'enfant dans plusieurs articles, elle a également prévu de lourdes sanctions pour les patrons qui exploitent des enfants dans certains métiers pénibles, les privant de leurs droits fondamentaux. Le nombre d'enfants exploités dans le monde est très important, soulignera le ministre. Selon l'ONU, environ 150 millions d'enfants travaillent de par le monde, précisant qu'en Algérie, il a été enregistré de très faibles taux concernant le travail des enfants. M. Zemali n'a pas manqué de souligner qu'en Algérie, l'âge légal pour travailler est à partir de 16 ans. La réalité du terrain Pour M. Mustapha Khiati, la situation est tout autre que celle annoncée par les autorités publiques. Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), Mustapha Khiati, a estimé avant-hier que les chiffres officiels relatifs au travail des enfants en Algérie étaient en-deçà de ceux annoncés et «loin de refléter la réalité». Il en veut pour preuve la non-comptabilisation des enfants travaillant dans l'informel que ce soit dans les rues ou les marchés. Pour obtenir des chiffres réels du travail des enfants, il faut réaliser un travail collectif avec les tous les intervenants sur le terrain. Dans ce sens, M. Khiati dira : «Des statistiques réelles sur le travail des enfants au niveau national exigent obligatoirement une coordination avec toutes les composantes de la société civile». Le président de la Forem a estimé que les chiffres avancés par les autorités publiques sont basés sur les données des inspections du travail qui «contrôlent uniquement le secteur économique organisé sans associer la société civile». Pour le Pr Khiati, les secteurs où l'on rencontre le plus ce phénomène sont informels, comme la mendicité, les chantiers, les fermes, les plages ou les marchés anarchiques et ne peuvent être englobés dans les 0.5%, chiffre avancé par les ministères du Travail, de l'emploi et de la sécurité sociale et de la Solidarité nationale. Il est nécessaire d'adopter une coordination entre les associations qui mènent des actions auprès des enfants en détresse et la tutelle pour arriver à chiffrer ce phénomène, de façon crédible et réelle, ajoutera M. Khiati.