La commémoration du 24e anniversaire de la mort du militant des causes justes, Mustapha Bacha, aura lieu le samedi 4 août au niveau de son village natal Tassaft Ouguemoune (localité d'Iboudrarene). Organisée par la fondation qui porte le nom de ce militant, avec le soutien de la fondation Colonel Amirouche Aït Hamouda, sous le slogan «Tagmats, Tadukli, Tugdut, Tilelli», cette cérémonie commémorative sera un moment en reconnaissance à son parcours exemplaire dans le militantisme pour des causes justes, notamment pour la promotion de la langue amazighe et la liberté syndicale en Algérie. Des expositions sur le parcours de ce militant, des recueillements sur sa tombe seront au rendez-vous. Né le 28 juillet 1956 à Tassaft Ouguemoun, un village de la commune d'Iboudrarène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, Mustapha Bacha a effectué dans son village natal les cycles primaire, moyen et secondaire ; il les poursuivra à Beni Yenni chez les Pères blancs. Après l'obtention du bac, il s'inscrit à la faculté des sciences économiques. Dès son arrivée à l'université, Mustapha créa un collectif culturel qui servira de cadre d'expression à toutes les compétences existantes au sein de la Fac. Il en était l'animateur principal. Le collectif culturel créé par Mustapha lui a assigné, dès le début, des objectifs dont l'un était d'assurer l'épanouissement de l'esprit universitaire. Et c'est de la sorte que Bacha a pu drainer et mobiliser bon nombre de ses camarades épris de liberté et de justice pour participer à la marche du 7 Avril 1980, organisée à Alger. Lors de cette marche, Mustapha et vingt-trois de ses camarades furent arrêtés et jetés à la prison de Berrouaguia où ils passèrent trois mois avant d'être libérés par une grâce présidentielle. Sa libération lui a permis, d'ailleurs, de participer à l'organisation du premier séminaire du MCB à Yakourène. Le répit ne dura pas longtemps, puisque à l'occasion de la journée nationale de l'étudiant en 1981, il sera de nouveau arrêté et renvoyé en prison pour une durée d'une année cette fois. À sa sortie, il s'investira davantage dans le mouvement. Ses qualités et son engagement lui ont permis d'unifier le mouvement syndical autonome à Tizi Ouzou. Par sa conception ouverte, Mustapha faisait adhérer les jeunes dans le mouvement, car de son langage, il avait exclu le sectarisme. En 1982, Bacha était déjà militant du GCRC (Groupe Communiste révolutionnaire), ce qui prouve que la politique était présente dans ses préoccupations. Il resta dans ce groupe jusqu'en 1987, pour entrer de plain-pied dans l'organisation révolutionnaire des travailleurs (ORT). En effet, il intègre la vie professionnelle en rejoignant, en 1986, l'Eniem de Oued Aissi. À l'unanimité, Mustapha fut élu responsable au sein de l'union locale de l'UGTA. Un vrai meneur d'hommes Le défunt voulait faire prendre conscience aux jeunes des défis du futur. Il n'avait aucun mal à transmettre le message. Son discours était raffiné et ponctué de paroles sages, puisées du fond du terroir. Mustapha Bacha démontrera toute sa générosité, son sens de l'union et sa capacité de combattant au lendemain des émeutes d'Octobre 1988, devant des milliers de personnes venues l'écouter lors du meeting organisé avec ses camarades, le 28 novembre, au stade Oukil Ramdane de Tizi Ouzou. Ce jour-là, Mustapha avait dit : «Si, hier, des idéologies nous ont séparés, aujourd'hui, il est temps que Tamazight nous réunisse». Lors des assises du MCB, qui ont donné naissance au RCD, c'est encore lui qui en a fait l'annonce officielle un certain 10 février 1989. Mustapha sera aussi promu porte-parole officiel et exclusif du congrès extraordinaire de ce parti, tenu à la Coupole du 5 Juillet en 1991. Il sera par la suite nommé président du bureau régional de Tizi Ouzou en 1992. Une année plus tard, et lors des états généraux des patriotes républicains qui a donné naissance au mouvement pour la république (MPR), en novembre 1993, Mustapha Bacha est élu président du bureau d'Alger. C'est lui aussi qui initia la conférence des cadres du parti, disant : «La résistance, c'est le pluralisme». Mais, la mort est venue le ravir aux siens. À la manière des grands, Mustapha a tiré sa révérence le lundi 8 août 1994. Il est l'un des pionniers de la démocratie et de bien d'autres valeurs.