Un sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays membres de l'Otan se tiendra les 3 et 4 avril 2009, à Baden-Baden et Kehl en Allemagne et à Strasbourg en France, sous la présidence du secrétaire général de l'Otan, M. Jaap de Hoop Scheffer, en présence de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel. Ce sommet marquera le soixantième anniversaire de l'Alliance. Il sera semble-t-il l'occasion choisie par Sarkozy pour annoncer officiellement son «atlantisme», si tant est que le fantôme du grand général et sa décision historique de 1966 ne viennent perturber cet élan. Mais les jeux semblent être déjà faits. En tout cas pour Joe Biden, le vice-président américain qui peut se réjouir de son passage, à Bruxelles, la semaine dernière. L'«Irlandais» était en effet très remonté lorsqu'il s'était rendu au siège de l'Otan pour y rencontrer les 25 alliés de l'Organisation. Au cours des rencontres qu'il a eues avec ses alliés, l'envoyé très spécial de Barack Hussein Obama n'y est pas allé par quatre chemins. C'est que le temps presse ! Le front afghan est plus menaçant que jamais. Par ailleurs, face aux problèmes que rencontre le «frère» Zardari qui devient, de plus, inefficace et donc encombrant, il faut urgemment reconfigurer l'échiquier régional. Éviter de tomber de Charybde en Scylla En essayant toutefois de ne pas répéter les bourdes des Bush père et fils et de «très vite tendre la main aux Talibans modérés et pacifier l'Afghanistan, ce qui vaut le coup d'être essayé». Une affirmation d'Obama répétée à l'envi par Joe Biden... Ce faisant, l'Oncle Sam veut se dépêtrer au plus vite du bourbier dont il a hérité en Iraq mais surtout trouver la solution, la meilleure, pour ne pas tomber de Charybde en Scylla, dans les djebels arides de l'Afghanistan. Des djebels où Obama espère mener à bien une politique de la main tendue et où il aimerait surtout voir évoluer plus de soldats européens. Le camarade Poutine est également consulté en catimini, avec le secret espoir américain de le voir s'engager sur ce terrain, ne serait-ce que pour y prendre sa revanche… Poutine se laissera-t-il entraîner dans cette manœuvre ? Pas sûr ! A moins que l'Otan ne retire ses boucliers antimissiles des zones rapprochées de la République de Russie et ne s'engage résolument dans un désarmement nucléaire absolu… A Bruxelles, le sénateur du Delaware, tout en rassurant les alliés de l'Amérique, leur avait dit qu'il était venu pour «écouter ce qu'ils avaient à dire sur l'Afghanistan et le Pakistan, pour parvenir à une stratégie commune». «La raison de ma présence, a martelé le vice-président américain, est simple et sans détour : je suis ici pour consulter et écouter.» Mais Biden avait, mine de rien, ajouté : «Les Etats-Unis attendent de chacun qu'il honore ses engagements. C'est aussi simple et direct que cela !» La nouvelle stratégie US M. Biden a rappelé, aussi, à l'occasion, que l'Administration Obama était en train de procéder à une révision d'ensemble de la politique américaine en Afghanistan et vis-à-vis du Pakistan, et qu'il était venu consulter les 25 alliés des Etats-Unis à l'Otan dans ce cadre. Il a aussi réaffirmé que «les attentats du 11 septembre 2001 et ceux perpétrés les années suivantes à Londres et Madrid avaient tous été fomentés par des extrémistes basés dans cette région du monde, l'Asie centrale». Ce que nous avons surtout retenu de la visite de Joe Biden, c'est que chacun en a pris pour ses galons ! Et ce n'est pas le secrétaire de l'Otan, le Batave Jaap de Hoop Scheffer, qui nous contredira… D'ailleurs, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates avait, précédemment, invité ses pairs de l'Otan à augmenter au moins leurs contributions civiles à la reconstruction de l'Afghanistan, en contrepartie des 17 000 soldats promis par Washington en renfort. L'heure est-elle aux comptes ? Peut-être bien, car la crise agace tout le monde et surtout les riches… Donc l'Oncle Sam est actuellement à faire des calculs d'épicier après les actions voyous de ses banques et leurs prêts de la mort, les fameux «subprimes»… Nul n'est prophète en son pays ! Le 23e sommet de l'Otan en avril Depuis sa création, en 1949, jusqu'à nos jours, l'Otan a organisé vingt-deux sommets, le 23e se tiendra début avril. Non, ce ne sera pas un poisson d'avril, rassurez-vous, Sarko y tient comme à la prunelle de ses yeux. Pourquoi ? Parce qu'il espère, grâce à cette allégeance atlantiste, un commandement pour la France. En tout cas, toute sa presse aux ordres et ses plus fidèles collabos s'évertuent depuis quelque temps à le faire accroire, eux qui n'hésitent pas à croire au Père Noël en affirmant que «deux commandements importants sont prévus pour les Français, à Norfolk aux Etats-Unis et à Lisbonne». Il s'agirait donc de prendre la tête du poste régional de Lisbonne, qui héberge la Force de réaction rapide, et diriger l'emblématique ACT de Norfolk, en Virginie, qui est chargé de piloter les transformations de l'Alliance… Rien que ça ! Personnellement, je demande à voir, car si pour Lisbonne, Sarko pourra parader sur les bords du Tage, je ne pense pas qu'en Virginie il puisse réellement monter à bord de l'un des vaisseaux amiraux de l'inimaginable armada US qui est stationnée dans la plus grande base militaire navale du monde… Enfoncer les 21 alliés européens ? Le conseiller d'Obama pour la sécurité nationale, le général James Jones, aurait, semble-t-il, soufflé cette «option» à Obama. Pour contraindre enfin à «engager» et «tester» les capacités et les ambitions d'un petit «caporal» ? C'est jouable, mais je reste perplexe, d'autant qu'il y a quelques années, l'un des attachés militaires chargés de communication au siège de l'Otan, à Bruxelles, qui venait justement de visiter la base de Norfolk, m'avait confié n'avoir jamais vu de sa vie un tel gigantisme militaire ! Et de m'annoncer : «Jamais, au grand jamais, les Européens ne pourront rivaliser avec leur "Politique européenne de sécurité et de défense" (PESD) avec l'armada US.» «C'est comme le pot de terre contre le pot de fer !», affirmait ce vrai Breton d'origine, encore époustouflé par ce qu'il avait découvert et constaté en Virginie… Si donc un général français venait à «hériter» du commandement de Norfolk, cela voudrait dire beaucoup de choses, notamment le fait que les stratèges militaires d'Obama veulent engager à fond leurs vassaux européens. Pour l'heure, sur les 26 membres de l'Alliance… 21 appartiennent à l'Union européenne ! Mais au fait, si Jean, le cher fils cadet de Sarkozy qui a défrayé la chronique, il y a quelques mois, mais qui a néanmoins été élu conseiller général à Neuilly-sur-Seine, le fief de son papa, était engagé dans les forces de l'Otan en Afghanistan, comme beaucoup de bidasses de l'Hexagone, Sarko serait-il aussi «atlantiste» aujourd'hui ? Beaucoup de mamans bretonnes, normandes et alsaciennes se le demandent… Les Talibans pachtounes quant à eux continuent de tuer des soldats français, au grand dam de nombreuses mamans éplorées… Le commandement de Norfolk en vaut-il toujours la chandelle ?