Il bat sa mère pour quelques sous ou vole ses bijoux afin de subvenir à ses besoins en matière de…drogue. C'est Abdelkader N. un quadragénaire de la ville de Reghaïa, père de sept enfants en bas âge et, cerise sur le gâteau… chômeur incorrigible. La première question du magistrat est : «As-tu réellement un cerveau ?». L'accusé, devenu tout rouge, rétorque : «C'est plus fort que moi, monsieur le président, je ne peux pas m'en passer, je suis conscient que cette substance est maléfique … et puis, j'ai sept bouches à nourrir… Mais Allah ghaleb». «Comment ça, Allah ghaleb ? Dieu interdit la consommation de tout ce qui est nocif pour la santé ; rien ne justifie un tel acte. Le pire dans tout cela, c'est que tu voles des bijoux à ta mère pour te droguer», renchérit le juge. L'accusé essaye d'attendrir le juge en demandant des excuses solennelles à sa mère en pleurant : «Je jure devant vous que je ne recommencerai plus, sachez que si je suis condamné, mes enfants seront livrés à eux-mêmes. Je commencerai par trouver un poste de travail stable, c'est promis». La pauvre mère, très âgée, demande à son tour au magistrat de donner uniquement un avertissement à son fils et de lui pardonner, ce que le juge ne peut envisager ; néanmoins, un retrait de la plainte est envisageable. Le procureur de la République quant à lui ne s'est pas laissé gagner par l'émotion : dans son réquisitoire, le représentant de la société civile a requis une peine de 6 mois de prison et une amende de 10 000 DA. L'avocat de l'accusé a mis en relief l'aspect humain et la dépendance de son client à cette substance destructrice. «Monsieur le président, je vous demande de prendre en considération le fait que mon client est un père de famille, il a sept enfants à sa charge et n'a pas de rémunération fixe. Mon client reconnait les faits retenus contre lui et avoir volé ces bijoux, et pour cela, nous demandons les circonstances atténuantes. L'autre point important est celui de la prise en charge sanitaire de mon client, car la dépendance à une drogue est pire que la prison. A cet effet, nous demandons la relaxe», a conclu l'avocat de la défense. Dans l'après-midi, le juge rend son verdict : 6 mois de prison avec sursis et 5000 DA d'amende.