Le monde se voile, à nouveau, les yeux et se bouche les oreilles pour ne pas entendre les tambours de guerre en Israël. Pourtant, le scénario d'une nouvelle invasion de Ghaza est déjà en place depuis longtemps et les premières opérations aériennes d'identification des cibles à Ghaza, en cours, sont là pour confirmer les intentions israéliennes. Le prétexte des tirs de roquettes La question des «tir de roquettes» sur Israël par les combattants du Hamas n'est que le prétexte immédiat qui manquait à cette mise en scène. Une agression aérienne était d'ailleurs dans l'air depuis que Tsahal a perdu, la semaine dernière, deux soldats au cours d'un accrochage avec les Palestiniens. Les frappes aériennes, pour commencer, suivies de menaces claires à la radio par des membres du gouvernement israélien, voilà qui ne laisse planer plus aucun doute sur la mise en scène de l'«Acte II» de l'invasion de la bande de Ghaza, commencée en décembre 2008. Le mur de Moubarak Cette invasion a-t-elle jamais cessé ? En fait, elle avait seulement marqué une pause momentanée, le temps des cérémonies de prise de fonction de Barack Obama à la Maison-Blanche et du montage diplomatique du nouveau scénario. Et puis que restait-il encore, dans l'immédiat, à détruire à Ghaza, ville rasée de bout en bout. Ses tunnels ? Moubarak s'en est chargé. Depuis plus d'une année, la ville martyre est dans le noir absolu. Pas d'électricité, ni d'eau, ni de produits alimentaires, ni de médicaments. Rien ne passe par ce bout de frontière depuis l'Egypte qui fait mieux qu'Israël en matière de génie civil. Un projet de mur souterrain en acier, unique au monde, de quoi rendre jaloux les ingénieurs israéliens qui ont partagé la Cisjordanie en deux. Depuis son retour de Washington, le Premier ministre israélien est rentré à Tel-Aviv plus que jamais convaincu que la supposée tension diplomatique avec la Maison-Blanche autour du gel de la judaïsation du secteur est d'El Qods, sera sans effet sur les relations entre les Etats-Unis et Israël. Le puissant lobby juif veille. Il a donné des assurances à Netanyahu que la Maison-Blanche n'ira pas au-delà d'un appel à l'arrêt d'une invasion de Ghaza ou du bombardement massif de la ville palestinienne. La question de la judaïsation de la ville sainte ne sera plus une priorité pour Mme Hillary Clinton et la création de l'Etat palestinien sur un territoire qui n'existe presque plus sur la carte de géographie, sera reportée aux calendes grecques. Les moyens d'Obama C'est sûr qu'Obama veut une paix définitive, juste et durable au Proche-Orient. Personne ne doute de sa sincérité de voir se mettre en place, sans délais, un Etat palestinien qui garantirait mieux la paix dans la région stabilisée où les Etats-Unis y trouveraient leur compte. C'est vrai aussi que l'Union européenne s'impatiente pour la création du futur Etat palestinien. Intérêts économiques là encore. Cependant, ni les Américains, ni les Européens, n'ont le choix des moyens pour contraindre Israël à la vraie solution : le retour aux frontières de 1967 et faire de la ville sainte la capitale de ce qui restera de la Palestine issue du partage de 1947. L'Iran comme priorité Européens et Américains sont en Afghanistan. Ils ont été, ou sont toujours, en Irak. Les deux pôles n'excluent pas dans une seconde étape avec plus d'engagement (militaire si possible) que des sanctions diplomatiques contre l'Iran. C'est ce qui rend en fait suspectes leurs bonnes intentions pour le Proche-Orient. Ni Washington, ni l'Union européenne, ni le quartet n'osent envisager une action internationale concrète sur le terrain pour protéger le peuple palestinien d'un génocide planifié ou envisager des sanctions internationales contraignant Israël à se retirer de toute la Cisjordanie, du Golan et des «fermes» du Sud-Liban. Aux dernières nouvelles, Sarkozy a d'autres priorités aux Etats-Unis et Obama discute par portable depuis son avion avec le Chinois Jintao la question de sanctions contre l'Iran. C'est exactement la pièce diplomatique qui manquait au plan d'invasion israélien.