A peine l'opération de la signature du traité sur le commerce des armes (TCA), lancée depuis lundi dernier, aux Nations unies, à New York, qu'Amnesty International a «engagé les gouvernements à tenir leur promesse d'appliquer rigoureusement et dans les meilleurs délais cet accord crucial, grâce auquel des vies pourraient être sauvées». Amnesty International a relevé que l'Algérie ne figure pas parmi les 67 pays qui ont signé le traité, qui interdira aux Etats de transférer des armes classiques dans d'autres pays lorsqu'ils sauront que ces armes serviront à commettre ou à faciliter des génocides, des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre. Plusieurs pays ont signé ce traité historique dès qu'ils en ont eu la possibilité, notamment la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, soit trois des principaux exportateurs d'armes du monde. Quant aux Etats-Unis, qui détiennent pratiquement 50 % d'un marché mondial des armements, évalué à 80 milliards de dollars par an, ils ont annoncé qu'ils prévoyaient de signer le traité sous peu. Adopté le 2 avril, ce texte considéré comme une réelle avancée, a été qualifié par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de «succès diplomatique historique» apportant «un nouvel élan bienvenu à d'autres efforts de désarmement». Cependant, l'aggravation de la situation en Syrie a mis en doute «l'engagement des puissances mondiales exportatrices d'armes en faveur du TCA», a souligné Brian Wood, responsable du programme Contrôle des armes et droits humains à Amnesty International. «Les déclarations de soutien au TCA sonneront faux si les décisions d'envoyer des armes en Syrie et ailleurs ne sont pas conformes aux principes du traité. C'est là un test fondamental qui permettra aux gouvernements de faire la preuve de leur détermination à appliquer un traité accordant la priorité aux êtres humains et à leur sécurité», a-t-il ajouté. Le risque que les armes fournies aux groupes syriens d'opposition soient utilisées pour commettre ou faciliter de nouvelles atteintes aux droits humains est élevé, craint l'ONG, ajoutant qu'«il convient de ne livrer aucune arme, tant que ce risque important subsiste». Aux termes du traité, le gouvernement syrien ne peut recevoir d'armes, compte tenu de sa politique consistant à prendre délibérément les civils pour cibles. L'entrée en vigueur du traité est prévue d'ici à 2015, «ce qui aiderait à protéger les droits humains et à sauver la vie de millions de personnes», s'est félicité Brian Wood. Au moins 500 000 personnes meurent chaque année en moyenne et des millions d'autres sont déplacées et maltraitées du fait de la violence armée et des conflits. Le commerce des armes conventionnelles représente annuellement 70 milliards de dollars dans le monde. Les cinq plus grands exportateurs d'armes classiques majeures sont les Etats-Unis, la Russie, l'Allemagne, la France et la Chine.