Le Hamas, au pouvoir à Ghaza, a catégoriquement rejeté mercredi la reformulation par la Ligue arabe de son initiative de paix de 2002, qui avalise désormais expressément le principe d'un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens. A Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, le négociateur Mohamed Chtayyeh a pour sa part exprimé ses réserves sur cette inflexion, déclarant à la radio officielle Voix de la Palestine «ne pas aimer l'idée d'amender l'initiative». Lors d'une réunion à Washington entre une délégation de la Ligue arabe et le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, dont le pays préside le comité de suivi de l'initiative de paix arabe, s'est dit lundi favorable à un «échange mineur de territoire comparable et mutuellement accepté». De tels échanges, déjà discutés lors des précédentes négociations de paix, permettraient à Israël de conserver les grands blocs d'implantations où vit la majorité des colons tandis que les Palestiniens recevraient des territoires actuellement sous souveraineté israélienne. «Notre position sur ce sujet est claire et le Hamas a rejeté l'initiative et le principe même d'échange de territoire. Il a appelé la délégation arabe à travailler à mettre fin à la colonisation et à rester attachée aux constantes palestiniennes», a affirmé dans un communiqué Salah Bardawil, un dirigeant du Hamas. Cette inflexion «légitime la colonisation et l'accaparement de la terre de Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupées, et donnera l'occasion à l'occupant israélien de profiter de cette période pour intensifier et étendre la colonisation et renforcer son contrôle sur les meilleures zones», a-t-il assuré, déplorant de «n'entendre aucune exigence arabe forte d'y mettre un terme». Mohamed Chtayyeh a pour sa part estimé que «l'initiative arabe était un tout. Nous n'aimons pas l'idée de l'amender». «S'agissant d'échanges de territoires, nous avons dit clairement que nous voulions un Etat sur les lignes de 1967. Donc tout échange doit porter sur des territoires équivalents en taille et en qualité et résulter de négociations», a-t-il répété, s'opposant à tout «paiement d'avance de la part des Arabes pour des négociations avec Israël».