La fin du bricolage, de la cooptation, de l'incompétence...ce n'est pas pour demain. C'est le constat implacable dont vient d'accoucher la Conférence nationale des universités. Sinon comment interpréter les déclarations du premier responsable du secteur de l'enseignement supérieur qui a relevé un taux de vacance «inquiétant» dans les postes de responsabilité. «En dépit des directives et instructions données dans ce sens» a-t-il souligné. Cette situation, qui nécessite «un diagnostic minutieux» et «une profonde réflexion» sur ses raisons et les voies et moyens à même de la corriger à l'avenir, exige des directeurs des établissements de lui accorder l'attention nécessaire, a déclaré le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, lors de l'ouverture de la Conférence nationale des universités qui a mis en exergue «l'impératif de s'appuyer sur des critères clairs, objectifs et transparents afin de garantir un encadrement de qualité» pour la proposition de désignation à ces postes. Le ministre a mis le doigt là où cela fait mal, là où cela cloche: la gestion népotique des administrations, des entreprises, des institutions... Un non-dit qui en dit long sur le marasme dans lequel se trouve le centre du savoir: l'université algérienne dont de purs produits aux compétences exceptionnelles avérées faute de ne pas avoir pu en trouver à la place qui leur revient, ont décidé de monnayer avec bonheur leurs expériences. Ce qui n'a pas contribué à arranger les choses, mais fait les affaires d'«obscurs» enseignants beaucoup plus préoccupés par leur situation personnelle que celle de leurs établissements. Le départ de chercheurs permanents vers des universités, des entreprises économiques ou vers ses pays étrangers, «a entraîné des difficultés supplémentaires pour les établissements de la recherche scientifique, confrontés déjà à un déficit en matière d'encadrement et d'attraction de chercheurs», a indiqué le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Un phénomène qui ne date pas d'hier. Depuis des décennies, exception faite des toutes premières années de l'indépendance, les cadres et intellectuels algériens ont coûté les yeux de la tête au Trésor public afin d'être formés. Ils ont choisi de tenter leur chance outre-mer. Plus d'un million d'entre eux, selon des estimations, très sérieuses, ont choisi le chemin de l'exil. Les compagnies et les institutions algériennes ont subi une exceptionnelle et dramatique saignée. Tous les secteurs ont été touchés. Air Algérie, Sonatrach, les universités avec leur pléiade de chercheurs et de spécialistes, le secteur de la santé, la télévision, la presse écrite, sans compter les nom-breux étudiants qui ont décidé d'un aller sans retour. Une perte sèche pour l'Algérie qui se projette dans l'avenir et tente de se débarrasser peu à peu des inepties qui l'ont chevillée à la rente pétrolière, source de toutes les dérives, frôlant les portes du chaos à maintes reprises. L'université est appelée à jouer un rôle central dans la mise en oeuvre du nouveau modèle économique. Une commission conjointe entre le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et la Confédération algérienne du patronat citoyen (Capc) a été installée, le 1er décembre, pour trouver les voies de rapprochement entre l'université et les entreprises et s'ouvrir sur le monde économique. «Il est prévu l'adoption d'un statut pour les titulaires de doctorat, la dynamisation du mécanisme de préparation de la thèse au sein de l'entreprise, la relance et la dynamisation des départements de recherche-développement dans les entreprises économiques des secteurs public et privé», a déclaré à cette occasion Abdelbaki Benziane. La Conférence nationale des universités vient de démontrer que l'université algérienne n'est pas encore sortie de l'auberge.