Chaque année qui passe rappelle que le vide laissé par Tahar Djaout dans la vie littéraire algérienne est impossible à combler. Tahar Djaout est un écrivain-poète irremplaçable. Unique en son genre. Son talent littéraire n'a pas son pareil. Avec son style d'écriture implacable et poétique, tissé d'un lexique des plus érudits, Tahar Djaout a rompu, en quelque sorte, avec une certaine manière d'écrire pratiquée jusque-là par d'autres auteurs à l'exception de Kateb Yacine et Rachid Boudjedra. Tahar Djaout a été assassiné le 26 mai 1993. Il fut le premier journaliste à avoir été arraché aux siens par le terrorisme. Lui, qui n'avait que sa plume d'écrivain, de poète et de journaliste pour s'exprimer et défendre ses idées. Grièvement blessé le 26 mai, Tahar Djaout meurt le 2 juin 1993. On s'en souvient, comment oublier? Peut-on oublier? Tous ses amis, ses collègues et innombrables lecteurs n'ont pas cessé de prier pendant toute une semaine pour que Tahar Djaout s'en sorte. Mais, la nouvelle de son décès tombe tel un couperet. Tahar Djaout n'écrira plus. Les monstres venaient d'éteindre une autre étoile, dixit Matoub Lounès, in l'album «Kenza ou la famille qui avance» en hommage à Tahar Djaout. Il n'avait que 39 ans. Il aurait pu encore enrichir la littérature algérienne et francophone car le génie et le talent, il en avait à en revendre. L'homme et le poète Tahar Djaout a toujours été poète. On ne peut pas parler de la littérature algérienne sans citer Tahar Djaout. La haute facture qui caractérise ses oeuvres romanesques et ses nouvelles, ses poèmes aussi, lui ont permis de se hisser rapidement au diapason des écrivains algériens qui comptent à l'instar de Rachid Mimouni, Rachid Boudjedra, Mouloud Feraoun... De 1954, année de sa naissance, à 1964, Tahar Djaout vécut dans son village natal Oulkhou. Ses souvenirs d'enfance au village l'ont marqué énormément. Il s'en est inspiré pour écrire, notamment les nouvelles de son recueil «Les rets de l'oiseleur». À dix ans, le petit Tahar et sa famille se déplacent à Alger car la vie au village est très dure. Il est âgé de 16 ans quand il participe à un concours littéraire avec une nouvelle intitulée «Les insoumis». Il est déjà primé. Ses premiers textes littéraires sont écrits alors qu'il est encore lycéen. Il est aussi très porté sur la critique littéraire dès son jeune âge. C'est tout naturellement qu'il commence à collaborer au journal El Moudjahid à partir de 1976. Il ne cessera pas d'exercer le métier de journaliste jusqu'au jour de son assassinat. Son premier roman L'exproprié est publié en 1974 pour la première fois. Il a été réédité plusieurs fois. Quant à son roman Les chercheurs d'os, premier grand succès de Tahar Djaout, il parait à la prestigieuse maison d'édition française Le Seuil en 1984. Cette oeuvre est traduite dans plusieurs langues. Porte-voix de la littérature francophone En 1987, Tahar Djaout rebondit avec L'invention du désert, un autre roman qui est salué par la critique littéraire qui a vu en Tahar Djaout un nouveau porte-voix de la littérature francophone algérienne qui s'est frayé son propre style d'écriture et sa propre façon d'appréhender ses thèmes. Ses premiers romans, ayant été jugés trop «difficiles d'accès» aux lecteurs de niveau moyen, Tahar Djaout a décidé d'écrire un roman «plutôt accessible» en optant pour un style linéaire et un lexique moins sophistiqué. Il s'agit de Les Vigiles paru chez le Seuil toujours en 1991. Ce roman a obtenu le prix Méditerranée. Un prix qui a été attribué dernièrement à l'écrivain algérien Boualem Sansal, mais aussi à Kamel Daoud. Les Vigiles, de Tahar Djaout, a été traduit en anglais, en allemand, en portugais, etc. Le célèbre dramaturge Omar Fetmouche l'a adapté au théâtre. Il a été adapté à l'écran par le réalisateur Kamel Dahane. Son roman posthume Le dernier été de la raison paraît en 1999 aux éditions Le Seuil. Il s'agit d'un livre inachevé. Tout comme le parcours d'écrivain de Tahar Djaout parti pour être des plus flamboyants. Mais...