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«J'écris pour vomir ma douleur»
Jugurtha Abbou, écrivain, à l'Expression
Publié dans L'Expression le 14 - 04 - 2022

L'Expression: Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Jugurtha Abbou: Je vous remercie tout d'abord de m'avoir donné cette tribune d'expression, et par la même, je me présente aux lecteurs de votre quotidien. Je suis âgé de 38 ans. Je suis spécialiste en psychologie sociale mais j'exerce comme chef de projet dans une entreprise publique. Auteur d'un premier livre en 2019, une histoire sous forme de poésie intitulée «L'Amour des feux», j'ai publié un essai politique deux ans plus tard, portant le titre «Hier, Aujourd'hui, Demain l'Algérie». Cette année, je viens de publier mon premier roman titré «Les maux conjugués» aux éditions «Imal».
Comment est née l'idée d'écrire ce premier roman?
Après l'écriture de mon deuxième livre, j'ai constaté que beaucoup de choses peuvent encore être dites, sur le vécu quotidien de chacun de nous, et sur le monde en général, notamment le nouveau monde façonné au début des années 2000. C'est un cumul de questions, entre autres comment sortir de la guerre pour retrouver la paix, comment dépasser la mort pour revivre l'amour, comment vaincre l'ignorance pour arracher le savoir... et auxquelles j'ai prêté ma plume pour oser espérer des réponses favorables. Ce sont les tragédies non encore effacées qui ont fait couler de l'encre pour chercher les mots qui remédient aux maux.
Parlez-nous de la trame de votre roman...
Le roman traite d'une série d'évènements qui se déroulent au début des années 2000. Le monde post-11 septembre connaît ce qui est communément appelé «la guerre contre le terrorisme» et découvre l'inflation de groupes djihadistes en Afghanistan et en Irak. L'Algérie essayait de sortir d'une décennie épouvantable, mais elle connaît d'autres événements fâcheux, ceux de 2001 en Kabylie, puis les catastrophes naturelles de Bab El Oued et Boumerdès. Au milieu de ce vacarme, un jeune prénommé Mehdi, mène une vie douce alliant études et histoire romantique avec Houria. Sauf que cette dernière décède dans le tremblement de terre de 2003, faisant basculer la vie de son amoureux. Mehdi sombre, puis se reprend par la grace de son oncle, un chercheur de mots qui se définit de la trempe de Cheikh Mohand ou l'Hocine, Djalel Eddine Rûmi, Lounis Ait Menguellet.... Bref, un sage qui trouve les mots soulageant les maux. Sauf que «la renaissance» de Mehdi est de courte durée, après une tentative avortée d'obtenir le visa, il tente la «harga», sur conseil de Amel, sa nouvelle connaissance. Au milieu de son aventure, il est capturé lui et ses compagnons par un groupe de djihadistes, qui les transfère en Irak où il se retrouve au milieu de la nébuleuse. Il ne doit son salut qu'à sa maman, qui après moult péripéties, trouve le sésame permettant d'infiltrer le réseau et par-delà, sauver son chérubin
Vous avez commencé par la poésie, puis, vous avez publié un essai, avant de passer au roman, comment s'est effectué ce cheminement et pourquoi ce besoin de changer de genre, en si peu de temps?
Cela répond plus à une nécessité qu'à un besoin. Dans l'euphorie des manifestations de 2019, chacun de nous se voyait pousser des ailes et se mettait à rêver, je pensais alors que la poésie était le genre idoine pour exprimer ces rêves. Puis il y a eu l'accalmie, le recul et la solitude imposés par le Covid-19 nous ont donné à réfléchir, c'est pourquoi j'ai écrit l'essai. Aujourd'hui, je trouve qu'il est temps de s'adonner au roman, d'autant plus que la créativité et l'imagination répondent présents. Ceci dit, je n'écarte pas un retour aux autres genres dans le futur proche.
D'où vous vient ce besoin pressant d'écrire?
Je trouve que l'écriture est une forme de lutte et d'engagement. Je n'écris pas pour dénoncer seulement, mais pour énoncer aussi. J'exerce le droit de rêver d'un monde meilleur et je m'offre le devoir d'exprimer mes rêves par les mots. Permettez-moi de vous faire part d'un extrait de mon roman ou je parle de ce fait: «Je n'écris pas pour écrire, j'écris pour décrire, pour faire réagir. Celui qui lit est conscient, celui qui fait lire est une conscience. Mon esprit est aussi colérique que la terre qui gronde, il le devient encore plus à l'écoute de ces misogynes expliquant les mouvements tectoniques par l'égarement féminin, et ceux voulant réduire au silence les savants, les scientifiques, les sismologues, les géologues. Ils voilent le savoir, ils voilent la beauté, et laissent place à l'ignorance et l'invective. J'écris oui, j'écris pour vomir ma douleur, ils ne me comprennent pas mais j'écris, je crache mes mots, ils les répugnent mais je les crache, au milieu des décombres j'écris.».
Parlez-nous de votre univers littéraire, vos premières lectures, vos lectures les plus récentes, les écrivains et les livres qui vous ont le plus marqué?
Jeune, j'ai été captivé par «La colline oubliée» de Mouloud Mammeri et «Le pont de la révolte» de Daniel Prévost que j'ai lus d'une traite. Adolescent, j'ai découvert la poésie grâce à Mahmoud Darwich et Nizar Qabbani. Avec le temps, les classiques ont pénétré dans mon paysage, notamment Hugo, Guy de Maupassant et autres... Reste que je suis marqué par Jacques Attali, qui indépendamment de sa vision du monde, est l'un des écrivains les plus prolifiques, avec dans sa bagatelle, des romans et des essais à la pelle, dont je cite mes préférés, «La confrérie des éveillés» et «Notre vie, disent-ils». Je me considère aujourd'hui comme un lecteur polygame, lisant plusieurs livres à la fois, et allant de genre en genre, des biographies aux mémoires, des romans aux nouvelles, de la poésie au récit... Je viens de finir la lecture de «un homme ça ne pleure pas» de Faiza Guene et j'entame la lecture de «Ferhat Abbas» écrit par Benjamin Stora et Zakya Daoud.
Avec la régression de la lecture, ne pensez-vous pas qu'écrire et publier des livres, c'est un peu prêcher dans un désert?Et qui dit que le désert ne regorge pas de terres fertiles à même de faire naitre des oasis paradisiaques?
En écrivant, nous semons des graines que nous croyons utiles. Il y a quand même un lectorat qui s'accroche tant bien que mal, malgré les aléas liés à la cherté de la vie, à l'évolution de la technologie et d'autres contraintes. Mais il n'y a qu'à voir l'engouement autour des cafés littéraires, les Salons du livre et les ventes-dédicaces. Je suis toujours émerveillé par cette jeunesse attentionnée et intéressée par le monde du livre.
Avez-vous quelques échos sur l'accueil réservé à votre roman par les lecteurs qui l'ont acheté?
Quoiqu'il est encore tôt d'en parler, mais force est de constater que les premiers échos sont très satisfaisants. Des lecteurs font un retour à travers des messages et commentaires très encourageants, à l'image de cette lectrice qui trouve la façon de manier les mots extraordinaire, et des idées très structurées et riches, ou alors ceux qui décèlent en me lisant une culture profonde du pays et son histoire. D'ailleurs, je ne manquerai jamais l'occasion de saluer mes lecteurs qui grâce à leurs encouragements, remarques et critiques, je continuerai d'oeuvrer dans ce fascinant monde qu'est l'écriture.


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