La flambée des prix chronique qui fait son apparition à chaque début de mois sacré relèvera-t-elle du passé? La question se pose légitimement, car il est en effet de notoriété publique que le mois du Ramadhan s'est forgé depuis quelques années maintenant, incontestablement, ce triste «statut» de mois le plus cher de l'année. Une mécanique bien huilée pilotée par des spéculateurs sans vergogne qui broie sans pitié le pouvoir d'achat des Algériens. Se cassera-t-elle les dents? On le saura. Rendez-vous est pris dans un peu plus d'un mois. Cela sera un test grandeur nature pour le gouvernement Larbaoui. Un plan anti-spéculation est mis en place pour museler cette mafia métamorphosée en nébuleuse qui a de tout temps imposé sa loi en matière des prix des produits de large consommation des fruits et légumes et des viandes. Un plan anti-spéculation est mis en place pour tenter encore de lui faire échec. Le dispositif mis en place montre que les produits de large consommation seront disponibles, les viandes importées massivement seront accessibles pour les bourses modestes. Tout un faisceau d'indices qui montre que le caractère de justice sociale sera préservé et que la préservation du pouvoir d'achat, cheval de bataille du président de la République ne sera pas malmené. Une promesse de campagne qu'il a tenu à honorer et qu'il entretient encore aujourd'hui. Pas moins de 590 milliards de dinars ont été consacrés pour les augmentations de salaires, dans le cadre de la loi de finances 2024. Adoptée le 14 décembre par le Conseil de la nation et le 5 décembre 2023 par l'Assemblée populaire nationale (APN), elle prévoit une batterie de mesures législatives destinées à la préservation du pouvoir d'achat, en particulier. C'est dire si la question est hautement politique. Elle sous-tend la relation de confiance qu'entretient le chef de l'Etat avec ses citoyens, sa popularité et celle de son gouvernement notamment. Pas question donc de dilapider ou d'éroder un «capital popularité», précieux, que le Président a engrangé depuis son investiture. L'enjeu est simple. Il s'agit pour les Algériens de passer un mois de Ramadhan sans qu'ils aient à se saigner aux quatre veines. Le mois sacré n'a pas uniquement pour conséquence de mettre à contribution la gestion des pouvoirs publics, il a aussi pour effet néfaste d'avoir la possibilité de provoquer une fracture sociale qui ferait la part belle à l'émergence d'une société à deux vitesses. Ce qui contrarierait le caractère de justice sociale de la République, de cette nouvelle Algérie en gestation. Sachant qu'un des premiers chantiers du premier magistrat du pays a été d'éradiquer les «zones d'ombre», de les sortir de l'obscurité à la lumière. Ceux qui tirent les ficelles restent tapis dans l'ombre. Ils imposent l'omerta, la loi du silence, comme tous les mafieux du monde, certainement pour tenter de porter l'estocade et faire échec au plan du gouvernement, du ministre du Commerce Tayeb Zitouni, notamment. Toutes les conditions sont en principe réunies pour assurer une disponibilité des différents produits durant ce mois sacré, qu'il s'agisse des céréales, de la semoule, de la farine, des légumes secs, du lait et de ses dérivés, des viandes, des fruits et des légumes frais. Comme chaque année le ministère du Commerce lancera ses soldats, ses milliers d'agents à l'échelle nationale durant le mois sacré de Ramadhan pour assurer le contrôle des marchés et les pratiques commerciales et veiller à l'hygiène des lieux et à la sécurité des produits. Autant de garde-fous qui montrent que la bataille de la flambée des prix durant le mois sacré sera hautement politique. Pour toutes les raisons évoquées, elle représente un challenge particulier pour le gouvernement Larbaoui.