Même s'il est naturel, ce mouvement dans le corps des élus n'est pas anodin et traduit la volonté de l'Etat d'en découdre avec la gabegie qui règne au niveau local. Quarante-huit heures après l'annonce du vaste mouvement qui touche, d'est en ouest, l'exécutif de certaines daïras, nous croyons savoir les raisons de ce vent de changement qui souffle sur le département de Zerhouni. Cette dynamique qu'impulse le ministère de l'Intérieur aux différentes daïras du pays, si elle est qualifiée «d'ordinaire», elle est néanmoins dissonante de par le contexte social dans lequel elle intervient. Elle a lieu, en effet, après que nombre de communes aient connu une inquiétante fréquence de soubresauts et autres jacqueries. Mais également suite à la persistance de certains phénomènes qui n'ont fait qu'aggraver la vindicte populaire et jeter davantage le discrédit sur certains élus. Notamment une corruption tentaculaire et autres passe-droits qui auront connu une ampleur sans précédent au niveau local. Voire, ils ont honteusement compromis les élus du peuple. A telle enseigne que nous apprenons, à l'heure où nous mettons sous presse, que certains chefs de daïra sont traduits devant la justice pour rendre compte de leurs dérives. Aussi et devant l'envergure de l'opération, inspirée par la volonté du président de la République, l'on ne peut qu'admettre que l'Etat fait, cette fois, suite aux doléances de certains députés qui ont, à la faveur de contestations populaires spectaculaires, invité les plus hautes autorités du pays à diligenter des enquêtes et à sévir afin de déterminer les responsabilités de chacun dans ces tragiques événements. Evénements qui ont souvent mis à nu les défaillances de gestion et la fragilité sociale dans bien des régions. Comme ce fut le cas à Chlef, à Ghardaïa ou à Djelfa par exemple. Cette saine intervention de l'Etat vise, de par la manière dont elle se produit, à éradiquer définitivement les causes de l'autoritarisme local. En témoigne le rappel ou la mise à la retraite d'élus ayant fait de «vieux os» à la tête de leurs collectivités, à telle enseigne qu'ils se sont identifiés au pouvoir que leur confère la loi. Ainsi, si la norme est de séjourner durant une période bien déterminée au sein d'une municipalité, ce n'est souvent pas le cas en Algérie. En témoigne ce ratissage qui a touché par grappes les élus locaux. C'est le cas par exemple à Biskra où les présidents de daïra qui ont longtemps occupé leur poste se voient enfin concernés par le mouvement actuel. C'est également le cas pour le chef de daïra de Béchar qui est transféré à Saïda après huit ans de règne. Au moment où il vient d'être mis fin ailleurs aux missions d ‘un chef de cabinet de wilaya après dix-huit ans de parcours. Tandis que d'autres élus ont été tout simplement mis à la retraite, comme c'est le cas à titre non exhaustif, à Naâma. Par ailleurs, la main salutaire du gouvernement qui a imposé ce changement a placé un nouveau locataire à la daïra d'Oran, mettant ainsi fin aux souffrances de la population d'Oran, dépourvue depuis cinq années de tout représentant. Ce qui, pouvons-nous l'imaginer, aura rendu le quotidien du citoyen, livré à lui-même, peu amène à El Bahia. Ce changement, faut-il le rappeler, a surtout lieu à la veille d'échéances électorales décisives. Il renseigne finalement sur l'intention du gouvernement d'assainir et de rendre plus efficace la machine administrative à travers le territoire national, en lui injectant du sang nouveau, en puisant du vivier de l'ENA (Ecole nationale d'administration) formidable pourvoyeuse de jeunes cols blancs.