Après plus de cinq recueils de poésie, la voilà qui publie son premier roman Ederoua dont la traduction en français est en cours tandis que l'idée d'un scénario en Syrie n'est pas à écarter. Actualité oblige, la première question venue à notre esprit dans ce climat de polémique liée à l'interdiction des éditeurs égyptiens à participer au prochain Salon du livre qui ouvrira ses portes le 26 octobre, est de savoir le point de vue de notre poétesse et écrivaine. La réponse sera claire et le poing levé SVP: «Je suis contre l'interdiction de toute maison d'édition égyptienne ou autre!», nous a signalé Madame Rabia Djalti invitée dimanche dernier à présenter sa nouvelle oeuvre littéraire, un roman intitulé en arabe El Deroua (Le Sumumm), sorti récemment chez Dar El Adab, à Beyrouth (Liban). Son mari et néanmoins écrivain célèbre, Amine Zaoui était aussi présent au cercle Les Mille et Une News. Paraphrasant le célèbre principe de Descartes «Je pense donc je suis», l'animateur de la soirée fera allusion à Rabia Djalti et à tous les artistes que c'est par le stress ou l'angoisse de la création qu'existe l'artiste. «Pour moi, c'est un stress constructif. Comme le doute qui m'a toujours habité. Il m'a été salvateur, même si je n'ai jamais eu confiance en moi. J'écris toujours comme si c'était la première fois. Je me refuse de croire en moi aveuglement», a-t-elle confié. Abordant le volet de la traduction, Rabia Djalti, dira être jalouse quand elle voit son texte traduit dans une langue étrangère car elle sait que désormais son texte est «partagé» lui échappant quelque part. Aussi, son roman Ederoua, raconte-t-elle a été d'abord publié dans le journal Ennaharr du Liban avant de sortir en librairie. Elle en lira un extrait, avec sa verve poétique qui lui colle indiscutablement à la peau. Madame Djalti avouera ne pas avoir eu de difficultés à passer de la poésie à la narration car l'écriture est en elle depuis toujours, sachant que chaque genre littéraire à son propre style et outils. Elle ajoutera aimer raconter des histoires, que ce soit pour ses enfants, son mari et désormais les lecteurs. «Je lis aussi en français, notamment Balzac, Jules Vernes Zorba le Grec et j'aime beaucoup Don Quichotte de la Manche» a-t-elle avoué. Notre poétesse souligne garder toujours un esprit critique, «académique» lorsqu'elle écrit, déplorant le fait qu'aujourd'hui «on ne respecte plus le lecteur et ses goûts». «C'est la première fois que je présente ce livre en Algérie après Damas. Il a commencé à être traduit en français et on parle d'un scénario de film en Syrie». A la question concernant le pourquoi de la publication de ses oeuvres dans les pays arabe, sa réponse sera tranchante: «Ce sont toujours elles (maisons d'éditions arabes) qui m'abordent et proposent de m'éditer..» Pour Rabia Djalti aussi, un artiste se veut pluriel par essence, prenant l'exemple sur Adonis qui est, en plus d'être un écrivain, un peintre. Et de parler de son expérience en tant que chanteuse et du «feu du théâtre qui brûle» en elle. «En chacun de nous sommeille un poète, sans cela c'est la mort certaine», note-t-elle. «J'ai chanté pour la Palestine. Ce fut une très belle expérience avec le réalisateur Lamine Merbah. J'avais tenu à modifier le texte de Mohamed Badawi et d'apporter de l'espoir dans cette chanson, en faisant le lien entre la révolution algérienne et le combat des palestiniens». Rabia Djalti qui affirmera la marginalisation des écrivains arabophones au détriment des francophones, y compris dans le reste du Maghreb, avouera également le manque d'espace réservé à la poésie comparé au roman quant à sa distribution. Elle n'omettra pas de signaler l'absence de cinéma en Algérie, moteur de l'imaginaire qui perpétue le rêve. «Quand je vois un film qui me touche, je me dis pourquoi les nôtres ne le voient car j'ai l'impression qu'ils ratent quelque chose. Et j'ai mal au coeur.» Sans vouloir aborder le sujet de son livre, elle fera remarquer enfin que c'est comme dans les poupées russes, il contient plusieurs histoires personnelles, toutes liées au vécu et à des faits divers, notamment au politique. «Mon roman se base sur la symbolique, certains personnages vous feront penser à des personnes connues..» Avant de passer à la vente-dédicace, la soirée se finira en notes musicales, entre lyrisme et raffinement avec un extrait du morceau andalou Kom tara, chanté par Rabia Djalti.