Les déclarations du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, sur son intention d'exclure de la course aux prochaines élections locales les élus traînant des casseroles judiciaires ont suscité l'ire du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui, dans un communiqué rendu public hier, a assimilé la sortie du premier responsable du département de l'Intérieur à de la provocation. “Le ministère de l'Intérieur vient de se distinguer une fois de plus par des déclarations provocantes et irresponsables dans un climat de défiance citoyenne et de dégradation sociale généralisée. En annonçant vouloir filtrer les candidatures des élus locaux pour éviter ou limiter les cas de détournement ou d'abus d'autorité, au moment où le gouvernement vient d'intégrer des individus plus que douteux, le ministère de l'Intérieur s'abîme dans des postures indignes et provocantes", assène le parti de Mohcine Belabbas qui assure avoir “alerté l'administration centrale sur des élus indélicats pour donner une suite administrative et judiciaire aux décisions disciplinaires qu'il a prises contre des cas de prédation avérés". Ne se limitant pas à la dénonciation, le RCD cite des exemples concrets illustrant la sélectivité du ministère de l'Intérieur dans la destitution des élus locaux. “À Amizour (Béjaïa), un président d'APC qui a voulu bloquer illégalement une usine d'aluminium pour offrir l'assiette de terrain à un de ses proches a été promu député malgré des décisions de justice sanctionnant ses débordements. À l'inverse, à Béni Abbès (Béchar) et Berriane (Ghardaïa) deux présidents d'APC, démocratiquement élus sur les listes du RCD, ont été destitués en violation du code communal pour avoir refusé de céder des éléments du patrimoine de leur commune à des clientèles du pouvoir", rappelle-t-il. Qualifié de “manager historique des fraudes électorales et maître d'œuvre de l'instrumentalisation de l'administration contre la volonté et les intérêts du peuple", le ministère de l'Intérieur est, aux yeux du RCD, “la principale instance à l'origine de la désaffection des Algériens devant les urnes" qu'il appelle à plus de respect envers “le choix des citoyens". “Seule une commission indépendante composée avec l'assentiment de la classe politique et de la société civile peut éviter le naufrage national auquel la gabegie et les manipulations du régime destinent l'Algérie", conclut le communiqué. A. C.