Amnésie Dans une semaine, les électeurs choisiront leurs maires. Une décision difficile pour plusieurs raisons. D'une part, le flou règne sur la qualité des candidats, méconnus pour la plupart par la population. Les pouvoirs publics ont fait table rase en ce sens du bilan de cinq ans de gestion des communes. Les résultats sont palpables : la plupart des communes ont montré leur défaillance en matière de services publics de proximité. Trottoirs et routes défoncés, rues maculées de saletés, mauvaise qualité des travaux effectués, lenteurs dans la réalisation des projets, peu d'initiatives en matière de logement, d'emploi et d'amélioration du cadre de vie. Une grande majorité des maires de surcroît se sont illustrés par leur peu d'écoute des préoccupations de leurs électeurs. Des présidents d'APC fantômes. Telle a été la caractéristique du rapport de l'élu avec ses électeurs dans la majorité des communes. Par extension, la communication a peu circulé en direction des citoyens. Les électeurs ont été peu ou pas informés des actions menées par la commune. Tout cela explique l'attitude d'indifférence d'une partie de l'électorat face aux enjeux des élections du 29 novembre 2012. N'oublions pas également que les recommandations des assises sur le développement local, tenues en novembre de l'année dernière, sont restées pour la plupart lettre morte. La décentralisation de la décision à l'échelon local, avec la participation des citoyens à la gestion ou aux décisions des mairies au cœur des revendications de la société civile, retenue par cette rencontre et portée au président de la République par le Cnes, n'est toujours pas appliquée. Pis encore, le nouveau code communal, au lieu d'aller dans ce sens, a renforcé le pouvoir des walis au détriment de celui des présidents d'APC. Dépouillées de leurs prérogatives, face à un code des marchés publics contraignant, les APC ont rencontré une série de contraintes – il faut le reconnaître – qui les ont freinées dans leurs actions pour améliorer les conditions de vie de la population. Il convient de reconnaître également l'effort colossal engagé par l'Etat pour améliorer les conditions de vie de la population : en particulier, amélioration de la dotation en eau dans la quasi-totalité des communes, progrès dans la scolarisation, les infrastructures de santé, la gazéification. Mais ces investissements publics qui ont amélioré la situation des populations de la grande majorité des communes ont été réalisés au prix d'énormes surcoûts, au détriment dans bien des cas de la qualité. L'effort de construction de logements est également sans précédent. Mais la mauvaise distribution de ces logements fait qu'une bonne partie des Algériens n'ont pas toujours accès à un toit décent. Le parc de logements actuel devrait suffire à abriter tous les Algériens. Mais une injuste répartition des logements induit qu'une frange importante de la population se débat toujours dans ce problème d'accès à un F3 ou F4. Une telle situation renvoie aux problèmes de la qualité de la dépense publique, de la maîtrise des projets et de la corruption qui freine, elle aussi, le développement local. Face à cette série de contraintes, les chances de changement dans la gestion des communes semblent minimes. Le mandat 2012-2017 des maires sera vraisemblablement un remake du précédent. À moins que les pouvoirs publics décident d'inverser la tendance. En retrait par rapport aux attentes de la société civile, il est peu probable que nos gouvernants et les partis puissent peser en direction d'une bonne gestion des communes. Le changement ne pourra venir que de la réforme du système politique, caractérisé aujourd'hui par sa nature foncièrement rentière. K. R.