“La réaction de l’armée est tardive�

Ahmed Taleb-Ibrahimi

Le fondateur de Wafa reproche au commandement de l’armée d’avoir indirectement favorisé Abdelaziz Bouteflika.
Candidat malheureux à la candidature pour la magistrature suprême, Ahmed Taleb-Ibrahimi regrette la réaction tardive de Mohamed Lamari, chef d’état-major de l’ANP.
“Il est regrettable de constater que les clarifications du chef d’état-major semblent cautionner les conditions illégales dans lesquelles a eu lieu l’opération de collecte de signatures au profit du Président-candidat, et passent sous silence le scandale du Conseil constitutionnel. Elles interviennent alors que le (chef de l’État) a achevé sa tournée électorale, consolidé sur le terrain son dispositif de fraude, (et) choisi ses concurrents…�, déclare, sentencieux, Taleb-Ibrahimi dans un communiqué rendu public, hier. En ne réagissant pas à temps, dit-il, le “commandement de l’armée réduit, pour le peuple algérien, les chances d’avancer dans la voie de la démocratie et du règlement de la crise de légitimité du pouvoir�. Le fondateur de Wafa (parti non agréé), ancien ministre des Affaires étrangères sous Chadli Bendjedid, est visiblement affecté par l’invalidation, jugée “arbitraire�, de sa candidature par le Conseil constitutionnel.
Il accuse indirectement l’armée d’avoir favorisé, de par “son silence lourd de sens�, Abdelaziz Bouteflika, lequel en a profité “pour mieux asservir l’administration, instrumentaliser la justice, dilapider les deniers publics et accaparer les médias lourds à des fins électoralistes�. Il aurait aimé que Mohamed Lamari accorde son interview à la revue de l’ANP El Djeïch “au plus tard au début de la campagne de collecte des signatures� afin d’“éviter de nouveaux risques de dérapage au pays, réduire la méfiance des citoyens dans leurs institutions et, par conséquent, contribuer à la consolidation du processus démocratique�. Pour autant, les propos du chef d’état-major à El Djeïch sont perçus par Taleb-Ibrahimi comme “une évolution dans l’attitude de l’institution militaire quant à la levée de sa mainmise sur la volonté populaire�, Lamari ayant clairement indiqué qu’il était “temps de laisser la société algérienne assumer ses options�.
L’interview du général de corps d’armée, Mohamed Lamari, a paru en fin de semaine dernière dans El Djeïch. Il y confirme notamment la volonté de l’armée à rester en dehors de l’activité politique, réaffirme son impartialité vis-à -vis de l’élection présidentielle et incite les fonctionnaires à faire face aux pressions.
L. B.