Les travailleurs de la trésorerie de la wilaya de Tizi Ouzou ont finalement repris le travail depuis hier matin, après un mouvement de grève de trois semaines. La décision intervient à la suite de la réunion tenue au siège du ministère des Finances, mercredi dernier, entre les représentants des travailleurs, le chargé au conflit de l'Union UGTA de wilaya, d'une part, et les hauts responsables du ministère des Finances, d'autre part. La réunion a été ponctuée par un procès-verbal et la satisfaction partielle de la plateforme de revendications, affirme la section syndicale de la trésorerie qui souligne qu'après cette réunion, "il a été décidé de la tenue d'une assemblée générale des travailleurs ce dimanche. Après un débat, il a été décidé à l'unanimité la reprise du travail à compter de ce lundi (hier, ndlr). Toutefois, les travailleurs se réservent le droit de recourir à d'autres actions le cas échéant", tout en dénonçant, au passage, "l'absence de leur fédération au moment où ils avaient le plus besoin d'elle". Par ailleurs, l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), fédération de Tizi Ouzou, dénonce avec vigueur cette grève qu'elle qualifie de "catastrophique, voire chaotique, pour la wilaya, en général, et pour les entreprises, en particulier", tout en se demandant "à qui profite cette situation qui a mis les entreprises dans une incapacité de payer les salaires, dont le nombre avoisine les 8 000 ouvriers directs ?" L'UGEA pointe du doigt également les pressions exercées par les maîtres de l'ouvrage contres les entreprises. "Malgré cette situation de non-paiement des entreprises, due à cette grève du Trésor, les maîtres d'ouvrage continuent à faire pression sur les chefs d'entreprise en BTPH, afin de livrer les projets à temps", écrit l'UGEA. "Malgré le non-règlement des factures dues aux organismes étatiques, nous sommes harcelés, pénalisés, voire même estés en justice, par les autres organismes, à savoir la Cnas, la Cacobatph, la Casnos, ainsi que les services des impôts, une fois que le paiement de nos obligations fiscales et parafiscales a été retardé", relève encore l'UGEA. Face à cette situation de blocage, l'UGEA estime que "cette situation ne profite finalement à personne si ce n'est à ceux qui veulent le pourrissement de notre wilaya et nous demandons au wali d'interpeller les directions de wilaya afin de cesser leurs pressions sur les chefs d'entreprise". De son côté, le collectif pour la défense du droit social du citoyen a dénoncé la grève de la trésorerie, qu'il qualifie de prise d'otage des fonds sociaux, qui gère les pensions des veuves de chahid, des handicapés, et les conséquences de cette grève qui font que des dizaines d'entrepreneurs risquent le dépôt de bilan, car ils ne peuvent plus honorer les clauses des marchés contractés, ni respecter les échéances, encore moins payer leurs ouvriers. "Cette grève n'est qu'un artifice par lequel le système veut éviter les décaissements que le Trésor public n'est plus en mesure d'assurer en raison de la raréfaction des ressources consécutives à l'effondrement des recettes pétrolières. Un mouvement de grève qui n'est, en fait, qu'un coup de théâtre pour faire oublier les vrais problèmes que vivent les ouvriers de la région, la longue histoire du fameux article 87 bis, les arriérés de salaires et autres primes impayés", lit-on dans un document rendu public par ce collectif et adressé aux entrepreneurs, à la masse ouvrière, aux fonctionnaires et aux détenteurs de pension qu'il invite à un rassemblement demain à 10h devant le portail de la trésorerie. Il reste, toutefois, à savoir si le sit-in sera maintenu après la reprise du travail au niveau de la trésorerie de wilaya. K. T