Deux films interprétés par Omar Sharif sont des exemples types prouvant que le cinéma est un véritable outil pour décrypter l'histoire : "Docteur Jivago" est devenu un véritable repère pour l'histoire de la révolution bolchévique et de la fin du tsarisme ; "Lawrence d'Arabie" relate les péripéties d'un espion britannique instigateur d'une révolte de tribus arabes contre l'empire ottoman. La disparition de Omar Sharif, véritable icône du cinéma mondial, avant-hier au Caire, remet au-devant de la scène des chefs-œuvre mythiques. Le nom de l'Egyptien sera éternellement lié à deux films, Lawrence d'Arabie (1962) et Docteur Jivago (1965), représentant 12 oscars. Ces superproductions, plus de 50 ans après, n'ont pris aucune ride. Leurs particularités ne consistent pas uniquement dans le fait d'avoir le même réalisateur, David Lean, le même scénariste, Robert Bolt, ou le même compositeur, Maurice Jarre. C'est surtout l'aspect historico-politique qui caractérise ces deux films. Ces deux exemples types prouvent que le cinéma est un véritable outil pour décrypter l'histoire. Docteur Jivago est devenu un véritable repère pour l'histoire de la révolution bolchévique et de la fin du tsarisme. L'autre film "joue" sur un autre chapitre. Lawrence d'Arabie relate les péripéties d'un espion britannique instigateur d'une révolte de tribus arabes contre l'empire ottoman. L'histoire est tirée de faits réels survenus lors de la Première Guerre mondiale et que Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie (1888 -1935) a relatée dans un livre intitulé Les sept piliers de la sagesse. Dans ce film, David Lean a réussi l'une des plus belles séquences cinématographiques de l'histoire avec la fameuse bataille de Agba.
Mais pas uniquement. Il y a également d'autres scènes qui peuvent être reliées facilement à ce qui se passe actuellement dans la même région. L'attaque de Damas par les mercenaires arabes payés par Lawrence d'Arabie en est la meilleure illustration. Des Occidentaux derrière une coalition de groupes qui s'attaquent à un pouvoir établi. Lawrence d'Arabie - Vers Damas par RioBravo Le film, dans lequel Omar Sharif avait interprété le rôle du prince Ali, donne une image, que les historiens n'ont pas reniée, de l'emprise des Occidentaux sur cette région en dépeçant l'empire ottoman. Le travail en profondeur de l'espion britannique avait ouvert la voix aux fameux accords de Sykes-Picot. Ça avait engendré l'émergence d'un royaume wahabite, l'Arabie Saoudite, et la création de plusieurs Etats que se sont partagés essentiellement les Français et les Britanniques. Le parallèle est vite établi avec le printemps arabe. D'ailleurs certains, en prenant l'exemple libyen, n'avaient pas hésité à comparer le travail de Bernard Henri Levy avec celui effectué par Lawrence d'Arabie dans le Moyen-Orient. La phrase de l'espion anglais, que Peter O'Toole a magistralement interprétée dans le film, en est la meilleure illustration : "On peut lier les Arabes à une idée, comme à une longe. La libre allégeance de leurs esprits en fait des serviteurs fidèles et soumis. Aucun d'eux n'essaie de s'échapper avant le succès. On les entraînerait aux quatre coins du monde rien qu'en leur montrant les richesses et les plaisirs de la terre". Un vrai "visionnaire"... Salim KOUDIL @SalimKoudil