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Archéologie du contemporain
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 09 - 2011

Zineb Sedira présente du 8 septembre au 8 octobre 2011 sa troisième exposition personnelle à la galerie Kamel-Mennour à Paris. Une exposition formée à partir de son nouveau projet intitulé Lighthouse in The Sea of Time, composé principalement d'œuvres vidéo et de photographies au travers desquelles l'artiste poursuit ses recherches sur les troubles et les éclats de son histoire.
Une fois de plus, la « gardienne de mémoire » est partie à la recherche de traces, de témoins, de paroles et de lieux qui nous éclairent chaque fois un peu plus sur les relations tendres et complexes qu'elle entretient avec sa double culture. À l'origine du projet il y a la rencontre entre l'artiste et deux phares de la côte algérienne. Le phare du cap Sigli trônant majestueusement sur un morceau du littoral kabyle, et le phare du cap Caxine situé en banlieue algéroise. Le choix de ces deux phares n'est évidemment pas anodin. Leurs histoires et leurs réalités actuelles s'entrecroisent avec les interrogations propres à l'artiste. Le phare est associé à toutes sortes de fantasmes, de légendes et d'histoires tantôt dramatiques, tantôt plaisantes. Il est à la fois synonyme de repère, de surveillance, de bienveillance et de solitude pour ses gardiens. Zineb Sedira a procédé à un travail archéologique de l'histoire de ces deux phares, constatant ainsi que la petite histoire se conjugue une nouvelle fois avec la grande histoire. L'installation Lighthouse in The Sea of Time fonctionne avec quatre écrans sur lesquels s'épanouissent les images des phares, leur force, leur tranquillité et leur mystère. Implantés dans un décor maritime d'une beauté exceptionnelle, ils sont les imposants personnages dont Zineb Sedira a souhaité nous livrer les secrets. Peu à peu la présence humaine s'immisce dans ce portrait atypique. Nous faisons la connaissance de Karim Ourtemach, dit Krimo, le gardien du phare du cap Sigli. Nous l'observons, consciencieux et entièrement dévoué à la vie du phare. Nettoyer le grand verre de la lampe, inspecter la machinerie, grimper les innombrables marches et mettre à jour le registre du phare. Une vie ponctuée de rituels quotidiens. Krimo prend la parole dans The Life of the Lighthouse Keeper. Il nous fait part de ses rituels et de son attachement au lieu. La relève, la vérification des machines, les repas, les veillées, la télévision, les nuits blanches et la peinture rythment ses journées. L'hiver, il redoute les coupures d'électricité, les nuits sont courtes car sa vigilance est constamment mise à rude épreuve. Il est en symbiose avec le phare dont il prend soin et dont il transmet l'histoire. Les gardiens de phares disparaissent peu à peu au profit de phare téléguidé. La présence humaine dans ces lieux reculés et isolés, s'évapore non sans nostalgie et non sans amertume. Sans ses gardiens, le phare perd de son identité et de son passé. Zineb Sedira porte son œil et son attention sur ce métier qui se meurt. Alors qu'elle filme et s'entretient avec Krimo, l'artiste apporte sa pierre à la transmission de la vie, passée et actuelle, du phare. Comme dans ses œuvres précédentes, le passage entre le passé et la réalité est continu. Le passé colonial de l'Algérie est palpable et toujours visible. Les phares algériens ont été construits entre la fin du XIXe siècle et le milieu des années 1950. Ils sont les fruits de la colonisation et marquent aujourd'hui le littoral algérien. Leurs constructions s'égrainent depuis la conquête jusqu'à l'indépendance de l'Algérie. Lorsque dans le film La Montée, nous assistons à l'ascension des marches des phares par l'artiste, nous comprenons qu'elle affronte l'histoire du pays, son histoire. Un passé qu'elle gravit jusqu'au sommet pour enfin le dépasser, le survoler. Les phares sont à la fois l'héritage architectural et les témoins d'une histoire complexe entre deux pays. Des témoins que l'on pourrait penser silencieux, pourtant l'artiste nous montre qu'ils recèlent une documentation hors du commun : les registres des gardiens. Les films Names Though Time : A Keepers's Logbook et Handwriting Through Time : A Visitor's Book sont un aperçu de l'histoire écrite des phares. D'abord, les registres qui sont de véritables carnets de bord, « Carnets de Service » de la vie des phares. Tout est y noté, les différents travaux, les plus petites modifications : « heures de l'allumage et de l'extinction », « consommation de la lampe », « fournitures reçues », etc. Années après années, se déroule le fil de leurs histoires. Détail frappant, les noms des gardiens et des visiteurs changent à partir de 1962, date de l'indépendance. Duclaud, Bonnefont, Fischer laissent place à Mehleb, Sidane ou Chouqui. Le mouvement de caméra vers le drapeau algérien montre que les Algériens reprennent, à ce moment précis de leur histoire, possession de leur pays. Les pages des vieux registres reflètent la réalité des moments historiques. Une réalité altérée et transformée selon le contexte politique. Une lente progression présente dans le dernier film de la série, A Museum of Traces, où la caméra de l'artiste se faufile dans le petit musée du phare de Caxine. La collection du musée est formée d'objets du quotidien de l'Algérie sous occupation coloniale : un téléphone, un réservoir à pétrole, des lampes, des jumelles, des meubles ou encore de la vaisselle en porcelaine décorée. Des fragments d'une autre réalité, aux côtés desquels sont disposées des étiquettes où la langue française perdure. Le rapport à l'écriture et à la langue, la double langue, héritage d'un passé colonial douloureux. Depuis le début de sa carrière artistique, Zineb Sedira s'attaque de front à sa double culture. Elle ausculte avec minutie, explore et ouvre des cicatrices encore fraîches. Des cicatrices dont elle extrait, toujours avec pertinence, les détails d'une histoire récente, fragile. L'artiste jongle avec différentes périodes. Subtilement, elle nous porte vers une réflexion globale.

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