C'est un public ravi d'avoir découvert l'œuvre du cinéaste catalan Ventura Pons à l'institut Cervantès d'Alger. Une œuvre ou une partie, du moins, a été projetée tous les jeudis soirs durant le mois d'août dernier, à la salle des actes. Retour sur cette manifestation. Quatre films en catalan et ou en espagnol sous-titrés en français, ont été projetés aux cinéphiles friands de la culture hispanique et notamment son cinéma. En ouverture, les services de l'Institut Cervantès d'Alger ont choisi de projeter «Le pourquoi des choses». Le film en espagnol sous-titré en français, est sorti en salle en 1995. Son pitch révèle quinze petites histoires basées sur des récits de l'écrivain catalan Quim Monzó. Des histoires qui parlent des différents sentiments et comportements humains, comme le désir, la soumission, l'amour, la jalousie, la sensibilité ou la foi. C'est cela le cinéma de Ventura. Un œil braqué sur l'émotion. Il est connu pour son attirance indéfectible pour les liens humains et notamment les sentiments qui les unissent. Mais son inspiration, le cinéaste la puise aussi et surtout dans la littérature et le théâtre majoritairement contemporain et catalan. Le jeudi suivant, c'est «Actrices» (1996) que les présents ont pu découvrir. Un film adapté d'un texte théâtral de Josep Maria Benet. C'est l'histoire d'une jeune étudiante de théâtre, rêvant de voir sa carrière décoller avec le rôle pour lequel elle se prépare. Et pour ce faire, elle s'entretient avec trois actrices reconnues : une actrice de cinéma, une autre de télévision et une troisième directrice de doublage. Et du théâtre, Ventura Pons en a gravi les premières marches de sa carrière, alors qu'il avait 20 ans. En 1967, deux ans plus tard, il dirigera sa première pièce. Ce grand format dédié à Ventura Pons s'est poursuivi avec la projection de «Anita n'en fait qu'à sa tête». Cette production qui a vu le jour au début des années 2000, raconte le récit de vie paisible d'Anita, guichetière dans un cinéma depuis une trentaine d'années. Pourtant, tout va s'emballer lorsqu'une décision est prise pour détruire le cinéma et le remplacer par un multisalles. Anita est priée de prendre sa retraite anticipée puisqu'elle ne s'accorde plus avec la nouvelle image de l'entreprise. Le hasard fait qu'Anita tombe amoureuse de l'homme qui conduit la pelle mécanique des travaux. Avec lui, elle entamera une relation tendre et à la fois aigre douce. Pour conclure ce cycle, «Mourir ou ne pas mourir» a été projeté le 30 août. «Vivre !» avait répondu le cinéaste à la sortie en salles de son film durant l'année 2000. Ce film de la «deuxième chance» revient sur sept histoires indépendantes qui culminent avec la mort d'un des protagonistes : un directeur de cinéma en panne d'inspiration et qui veut sortir de son nid créatif. Un héroïnomane accro aux drogues. Une fille qui s'étouffe avec des os de poulet. Un malade qui n'atteint pas la sonnette d'alarme dans un hôpital. Une hystérique qui se bourre de comprimés. Un jeune motard fauché par un car de police. Un cadre victime d'un tueur à gages. 15 personnages, 7 morceaux de vies plongés dans un marasme socio-psychologique rappelant de loin le dilemme existentiel du choix d'Hamlet «Etre ou pas être», telle est la question ! Réalisateur, scénariste et metteur en scène, Ventura Pons est né en 1945 à Barcelone en Espagne. Il a trente trois ans de carrière durant lesquels il a réalisé une quinzaine de films et séries dont : Caresses (d'après la pièce de Sergi Belbel, avec Julieta Serrano et Sergi López (1997); «Amic/Amat «d'après la pièce de Josep Maria Benet i Jornet (1998) ; «Food of Love» d'après le roman The Page Turner de David Leavitt (2002) ; «Amor idiota» d'après le roman de Lluís-Anton Baulenas, avec Mercè Pons et Cayetana Guillén Cuervo (2004) ; «A la deriva» d'après le roman de Lluís-Anton Baulenas, (2009). Un travail pour lequel il a reçu cinq nominations. Son premier film, en 1977, est un documentaire «Ocaña, retrat intermittent», sur le peintre travesti José Pérez Ocaña. Il lui vaudra, un an après, d'être sélectionné au Festival de Cannes. En 1985, il fonde la société cinématographique Els Films de la Rambla, S.A. En 2001, il reçoit la Médaille d'or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports. En 2007, il est gratifié de la Croix de Sant Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne puis, en 2015, du prix Gaudi d'honneur. Récemment, il a signé la sortie au grand écran de «Miss Dali». Un long métrage dédié à la jeune sœur du peintre espagnole Salvador Dali, dans une Espagne républicaine plongée dans l'ambiance progressiste.