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La figure du héros dans l'imaginaire et dans le champ politique de l'Algérie contemporaine (1954-1995)*
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 11 - 07 - 2009


Suite et fin
Il faut rappeler à cet effet qu'un projet de code de la famille avait vu le jour en 1973. Il avait été fortement controversé en Assemblée nationale alors que des monuments juridiques de l'ampleur de l'ordonnance portant Révolution agraire ou de celle portant Gestion socialiste des entreprises qui devait être débattue à la même époque avait fait l'objet d'un unanimisme et d'un opportunisme béats. C'est dire que parmi toutes les grandes réformes, le projet de code de la famille apparaissait comme le véritable signe d'une division au sein de la société toute entière. C'est le seul projet qui fut pris au sérieux, car c'est le seul où les parlementaires ont été obligés de faire tomber leurs masques pour défendre «leur raison d'être». On comprendra alors pourquoi ce projet de code, qui n'était somme toute qu'un projet timide pour ce qui est de l'émancipation de la femme, a été renvoyé de cession en cession jusqu'en 1983, pour déboucher sur le code de 1984, qui, sous le règne de Chadli consacrera la primauté masculine et le retour au droit canon. Cependant, si le héros s'est fait amant, ce n'est pas tant par excès de libéralité que par jeu tactique qui consiste à réaliser et à élargir la structure de loyauté dans laquelle on avait déjà régenté une partie des travailleurs et d'une manière générale la «société salariale». Boumediène avait le projet d'asseoir sa légitimité sur un plébiscite populaire dans lequel les femmes représentaient la moitié des voix. Ce projet était à l'oeuvre dans un contexte où les alliances oligarchiques au sein de l'armée devenaient intolérables pour un homme qui estimait avoir obtenu un immense crédit à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
Sixième figure : le «héros-nu»
La crise mondiale va avoir pour effet immédiat la chute du prix et des hydrocarbures et l'affaiblissement drastique des liquidités et donc des moyens de paiement dont l'Algérie pouvait disposer alors. Le volume les dépenses, qu'il s'agisse des investissements ou des options de faste pour assurer le prestige du «pays» et de son gouvernement au sein du tiers-monde, comme enfin la politique de redistribution au profit des agents sociaux (travailleurs, salariés et paysans), tout cela va nécessiter de sérieuses compressions.
Le compromis fait d'hypocrisie et d'opportunisme, dans lequel chacun retrouvait son compte quelle que soit sa position dans les rapports de distribution menace de s'effondrer, ce qui pose évidemment le problème de la paix sociale. En effet, si la rente a été utilisée par le pouvoir comme un moyen de régulation, il faut entendre celle-ci au sens large, c'est-à-dire de régulation économique et sociale, comme à celui de rente marchande et de rente patrimoniale.
Ces deux dimensions, rappelons-le, ne doivent pas être envisagées de façon autonome mais articulées, procédant l'une de l'autre. Ainsi, le prestige que Boumediène tirait de sa légitimité patrimoniale (le fils du peuple, le héros, etc) s'accroît et se reproduit sur base de légitimité dans la mesure où elle ne repose pas sur des bases contractuelles, c'est-à-dire démocratiques. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre le bien-fondé de la sphère économique, de la logique de développement, etc. En l'absence de toute culture de développement, le discours et la pratique de la planification ont servi de leurre mimétique. A ce titre, nous avons affaire à une simulation économique aboutissant à l'enrichissement d'une fraction de la société, à la prise en charge partielle des citoyens pour une politique de subvention grâce à la rente, dans le seul but de maintenir la légitimité politique. Avec la désaffection marchande des hydrocarbures, tout ce dispositif devient caduque, fragile et la récession qu'a connue l'Algérie sur le plan de l'emploi est à la mesure de la salarisation massive et artificiellement entretenue des années fastes. Chadli a hérité d'un cadeau empoisonné. C'est pourquoi il a penché pour l'alternative d'une remise au goût du jour de la redistribution du capital symbolique, à défaut de pouvoir redistribuer des salaires. Mais cette redistribution symbolique avait fonctionné au lendemain de l'indépendance sur fond de patriotisme et de jihad nationaliste. Cette ressource est usée, plus de 70 % de la population algérienne n'avait pas connu la guerre, et ne se sent absolument pas concernée par les slogans des années 60. Acculé, le nouveau pouvoir va se mettre à «jouer la défense sur un terrain de foot». Il a ainsi donné son agrément au mouvement d'islamisation qui s'opérait alors. Mais, comme il ne voulait pas que le monopole du capital religieux lui échappe, il s'est mis à faire de l'excès de zèle et à être plus royaliste que le roi : construction de la somptueuse université islamique de Constantine, prolifération de centaines, voire de milliers de mosquées, au niveau de chaque quartier, de chaque village. Parallèlement, le pouvoir va prendre ses distances par rapport à ses clercs qui se situent dans la sphère de l'Etat. C'est ainsi que des mesures juridiques sont prises avec une rapidité extrême pour restructurer les entreprises, ensuite en prévoir l'autonomie se délester d'une partie des biens de l'Etat, notamment le parc immobilier. Si l'Etat entrepreneur laisse place à l'Etat arbitre, c'est pour prévenir en cas de crise grave contre toute tentative populaire de désigner le pouvoir comme responsable de l'échec économique. Dans les discours publics fortement médiatisés, le chef de l'Etat stigmatise les directeurs de banque et les chefs des entreprises, jadis directeurs de sociétés nationales, sur la responsabilité qui leur incombe depuis qu'ils sont désormais autonomes. Ainsi, tout s'organise pour que l'Etat se mette en retrait d'un système d'opposition qui va mettre face à face la société civile d'un côté, les cadres, c'est-à-dire les techno-bureaucrates de l'autre. L'Etat change de «religion» par décret puisque dans ce délestage, il ne s'agit ni plus ni moins que de fabriquer une nation libérale, économiquement aussi artificielle que la nation socialiste fabriquée par les pouvoirs précédents. Ce projet n'a pas abouti, car la contractualisation de la société ne peut pas ignorer les lois de l'histoire elle ne saurait s'épuiser dans le volontarisme politique et manoeuvrier, le fondement patrimonial de la légitimité est désormais ruiné, la contractualisation artificielle et bâclée n'a pas produit le contrat social, pas plus que le multipartisme de la dernière Constitution n'a produit la démocratie. La vague de froid était trop engagée et la brèche trop ouverte pour que la politique du colmatage put servir de remède. C'est ce qui vaudra à l'Algérie la fracture de 1988, et les retombées d'une crise sociale dans laquelle l'Etat est plus que jamais discrédité et irrémédiablement suspect. Cette saga des figures du héros national s'achève ainsi sur la figure du «roi nu» et bien au-delà, du héros «veuf et solitaire» (18).
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Note :
18- Les élections présidentielles de décembre 1995 ont montré néanmoins que la majorité de la population veut s'en remettre à l'armée pour sa protection. L'image du FIS est largement entamée et le retournement de situation tout à fait conjoncturel indique aussi bien une réhabilitation probable de l'Etat, qu'un calcul tactique à court terme. Il est encore prématuré d'établir, à l'heure actuelle, un diagnostic sur les formes de socialisation en cours d'élaboration.


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