Du propre aveu du ministre du Commerce, les licences d'importation posent problème. Il a déclaré que neuf importateurs disposant du fameux sésame trainent les pieds et de par leur inertie seraient à l'origine de perturbations du marché. Le renchérissement du prix de certains produits est dû à la non-utilisation des licences octroyées provoquant des crises dont le consommateur pouvait s'en passer. Le problème n'est probablement pas aussi simple qu'il ne paraît a priori et il aurait été intéressant d'écouter les importateurs somnolents pour être fixé sur les raisons de leur indolence caractérisée. Le ministre ne s'est contenté ni d'un aveu ni d'une colère et a déclaré qu'un ensemble de mesures sont prises pour que les licences d'importation requièrent leur efficacité en tant qu'outils de régulation réelle du marché. Véritable arme de préservation et d'équilibre de l'économie nationale, l'autorisation d'importation a été régulièrement un important enjeu pour la politique économique du pays. Sauf que dans un passé récent, les larges portes ouvertes aux grands vents et l'effarante porosité des frontières avaient donné lieu à des inconséquences marchandes traduites en poison pour l'Algérie. L'Etat se devait de prendre le taureau par les cornes et il a été bien initié de mettre fin à l'énorme imbécilité qui autorisait jusqu'à importer le fil à couper le beurre et le papier toilette pour garnir les w.-c. Le holà mis ne pouvait s'effectuer sans difficultés dans un terrain devenu propice à la mue et à la transmission des pouvoirs grâce à la seigneurie des passe-droits et de l'argent. L'œuvre étant pénible et ardue parce qu'elle mettait à mal de gros intérêts, elle ne s'est pas produite sans impondérables et sans désagréments importants pour les producteurs nationaux. S'il est certain que l'on ne peut faire d'omelettes sans casser des œufs, il est indiqué aujourd'hui, sans doute en urgence, que le ministère du Commerce élargisse sa nouvelle stratégie à tous les secteurs de la production nationale.
