Plus de 11 millions d'élèves ont repris le chemin de l'école, hier mardi. Une population scolaire qui équivaut au nombre d'habitants de plusieurs petits pays. Il est donc aisé de faire le compte pour se faire une idée sur le coût excessif supporté par l'Etat pour former ceux qui sont censés être les cadres de demain. Mais six décennies après la reprise en main de notre destin national, quel bilan tirer de la formation de pelotons entiers d'élèves, à l'aune de l'état actuel du développement du pays ? Sinon, quelle valeur accorder ou quelle évaluation objective faire du système d'enseignement et de formation algérien, lorsque nos universités continuent à fermer la marche du top thousand des académies mondiales ? Et même si l'on sait que ce n'est pas dans les universités que se fait la révolution, force est de reconnaître que le savoir dans les campus algériens, est depuis longtemps en congé prolongé pour les uns, « forcé» pour les autres. Si le pays commence à s'ouvrir sur le monde pour prendre exemple sur ce qui se fait de mieux dans de nombreuses contrées lointaines, comment voulons-nous que nos meilleures idées ne viennent pas d'ailleurs, quand le savoir et la connaissance, en tant que valeurs fondatrices de tout développement humain, n'ont plus cours sur le marché de dupes qu'est devenue l'université algérienne ? Parce que, paraît-il, personne n'a le temps de penser à mettre « quelque chose » dans sa tête lorsque le ventre et les poches sont vides, celui qui voit l'école comme une vocation ou un moyen de mieux comprendre « son » monde, ne « pèse » pas un kopeck aux yeux de plus nantis que lui, qu'un raté, un khobziste, un col usé miséreux, et même misérable, condamné à consommer sa carrière « castrée », un peu comme un athlète qui fait la course en tête, mais finit toujours bon dernier de la classe. Le jour viendra, certainement, où plus que le médecin, l'avocat ou le politique, l'enseignant et son job de toutes les sueurs sera le plus exaltant de tous les gagne-pain que le pays se prémunisse contre l'apocalypse de l'ignorance, et son lot de séismes en tous genres. Le jour viendra, aussi, où celui qui a pour métier d'apprendre aux autres à lire et à écrire devienne le maillon le plus fort d'une société transformée en une gigantesque chaîne alimentaire, avec de la place qu'à ceux qui savent manger à midi pour ne pas être dévorés crus la nuit tombée. Aussi vrai que celui qui ouvre une école ferme une prison, alors construisons, encore et toujours, des écoles et fermons les prisons, toutes les prisons