Il y a eu, certes, un moment de doute marqué par un silence qui a plané sur toutes les villes d'Algérie à la suite du but marqué par les Rwandais, mais la joie est vite réapparue avec les buts qui n'ont pas tardé à venir, deux concrétisations n'ayant pas été comptabilisées bizarrement par l'arbitre guinéen. Cependant l'essentiel était là. Trois précieux points dans l'escarcelle qui permettent à l'Algérie d'espérer décrocher le billet pour Johannesburg. Et c'était suffisant pour les Algériens de faire la fête. Toute la nuit. Une folle nuit dans toutes les localités d'Algérie, même les plus éloignées. Et dans les grandes villes, à l'instar d'Oran, des dizaines de milliers de personnes ont envahi les artères de la cité de Sidi El Houari. Dès le coup de sifflet final, à Blida, sur le score de 3 à 1 en faveur des Vert et Blanc, les supporters ont tenu à rendre un vibrant hommage aux Fennecs, sillonnant les rues, à pied ou en voiture, klaxonnant à tout va et créant de monstrueux embouteillages. «Mâak yal khadra!», «Mabrouk Aâlina, Hadhi l'bidaya mazal, mazal», «Djibouha ya louled» chantait-on en chœur, sans oublier le dernier tube du duo Hassiba Amrouche et Cheb Tewfik, «Allez les Verts», en scandant «One, two, three, viva l'Algérie!». Et tous s'y mettaient: vieux, jeunes, enfants… même les filles étaient de la partie. Suite en page 24Les supporters portant les maillots de l'EN, accrochés aux portières des voitures ou juchés sur les capots et toits des voitures, criaient à tue-tête tandis que des youyous fusaient des balcons au-dessous desquels passaient les cortèges de voitures, des cris de joie couverts par le bruit des pétards et feux d'artifices tirés des toits des immeubles. La nuit était ainsi rouge, verte et blanche. Les Oranais ont donc rendu, en masse, un vibrant hommage à Sâadane et ses hommes: Matmour, Belhadj, Saïfi, Ghezzal et autres Ziani ainsi que tous les membres de l'équipe nationale qui restent à l'ombre. Cette équipe qui les fait rêver ! Il faut dire que les voies de circulations à Oran se sont presque toutes bloquées, en quelques minutes seulement. Et les bouchons qui se sont formés étaient l'occasion pour les fans des Fennecs de danser et de chanter. Dans une ambiance bon enfant. Certains ont même tenu à sortir en famille faire la fête. «Saâdane nous a promis d'aller arracher le sésame du Mondial 2010 au Caire même et nous avons pleinement confiance en lui et en ses hommes», dira Houari Boudia, chauffeur de taxi, dont la déclaration a été interrompue par des coups de baroud qui déchiraient la folle nuit d'hier. Dans les cortèges, les voitures étaient bourrées de supporters tandis qu'une déferlante humaine avançait vers le centre-ville d'Oran. Follement. La rue Larbi Ben M'hidi, entre autres, était tout en vert et blanc. Il faut dire que jamais une rencontre de football n'a suscité autant de passion. C'était, hier, tout particulier avec une pression énorme sur le onze Algérie, ce que les Algériens comprenaient parfaitement. «Jamais l'Egypte ne nous battra par deux buts d'écart, nous avons des joueurs de valeur et d'envergure internationale qui connaissent leur métier», lançait le chauffeur d'une voiture qui passait à notre niveau. O. Kamel, 47 ans, soutient, lui, n'avoir jamais vu cette explosion de joie, «même au soir du 16 juin 1982», lorsque l'équipe nationale avait terrassé à la régulière l'ogre teuton au cœur des Asturies. Il est relayé par un autre supporter. «Nos hommes sont en mesure de se battre et de gagner leur pari. Ils sont même capables d'aller gagner au Caire», dit-il avant de se mettre à embrasser l'étendard qui le couvrait. Quelle belle réconciliation des citoyens avec leur drapeau!