Un demi-siècle après l'élan rassembleur qui a été le fondement essentiel de la Nation algérienne et qui a permis aux Algériens de mener ensemble le combat libérateur, voilà que les plus hautes sphères de l'Etat se livrent une guerre régionale acharnée. Pour la future présidentielle. Des pyromanes aiguillonnent les BTS (Batna—Tébessa—Souk-Ahras) contre les NTM (Nédroma—Tlemcen—Maghnia) ou plus généralement les Chaouias (tout l'Est algérien) contre les «Oraniens» (nouveau qualificatif en vogue). Les sympathisants de l'un ou l'autre camps doivent rester fidèles aux ouleds bled respectifs, sous risque de passer pour un traître. Pour neutraliser les Kabyles qui pourraient parasiter le système tel qu'il a été conçu par les grands initiés de la «boustifaille nationale», on leur oppose les populations non berbérophones en prenant bien soin d'agiter l'épouvantail de velléités de séparatisme de ces trouble-fêtes dont le nom commence par K. ? comme les ... Kurdes. Au Sahara, les populations autochtones sont exclues de leur propre terre. Il n'y a pour eux ni logement, ni emploi, ni climatiseur, ni 4x4, ni même laissez-passer pour pouvoir accéder à la «zone d'exclusion» chercher du travail. C'est le meilleur moyen de monter ces placides et accueillants Sahariens contre leurs compatriotes du Tell, venus de leur «Chenoua» natal, leur manger leur galette. Mais, bizarrement, les instigateurs de cette haine civile résident tous à Alger, dans leurs somptueuses résidences d'Hydra ou dans leurs cabanes sécuritaires du Club-des-Pins. Ils sont copains comme cochons et même plus. Au fil des ans, ils ont tissé d'étroites alliances familiales, se mariant entre eux, au point qu'ils sont devenus une grande famille. Leurs enfants, qu'ils soient du Centre, du Sud, de l'Est ou de l'Ouest, sont tous petits cousins ou du moins des amis inséparables, unis par les liens de l'argent, du voisinage et de l'enfance. Chez les instigateurs du régionalisme, du tribalisme et du clanisme, c'est l'esprit mousquetaire qui règne avant et après tout : «Tous pour un, un pour tous». En bas, c'est plutôt : «Tous contre tous et chacun pour soi».