Photo : Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Fini le temps des drapeaux géants sur les façades, des fanions à l'arrière des voitures et des bandanas sur les fronts : l'équipe nationale de football ne fait plus vibrer les Oranais. Depuis la grosse déconvenue en Centrafrique et le nul concédé à domicile contre la Tanzanie - qui ont sérieusement hypothéqué les chances de nos mondialistes de se qualifier à la prochaine CAN - les Oranais semblent avoir tourné le dos à une équipe qu'ils avaient soutenue de toutes leurs fibres deux années durant, dont ils avaient suivi chaque match, fêté chaque victoire et pleuré chaque défaite. Le souvenir des semaines pourtant mémorables qui avaient précédé et suivi l'épopée d'Oum Dourman, la participation plus qu'honorable à la Coupe d'Afrique des nations et celle - bien que décevante - à la Coupe du monde sud-africaine semblent s'être déjà effilochés et les poulains de Benchikha sont (presque) contraints de tout reprendre depuis le début pour regagner la confiance des Oranais. Aujourd'hui, dans les cafés - ces mêmes cafés qui, il y a à peine une année, avaient vibré au rythme des réalisations algériennes - c'est à peine si l'on évoque le sort des Verts et le match capital qui les oppose ce soir aux voisins marocains, alors que les petits vendeurs qui, l'année dernière, écoulaient à tour de bras les produits estampillés Algérie, considèrent leur marchandise d'un œil morne : «Les Oranais ont été cruellement déçus par les dernières prestations de l'équipe nationale, explique Saïd, observateur averti du football national. Déjà que la participation au Mondial sud-africain avait refroidi beaucoup de supporters, de grosses interrogations entourent désormais la qualité d'une équipe très prometteuse et qui nous avait démontré qu'elle était à la hauteur des défis.» Il est vrai que les coéquipiers de Ziani n'arrivent plus à marquer depuis un peu trop longtemps, que la défense (privée de Halliche et, désormais, de Bougherra) montre d'inquiétants signes de fragilité et que beaucoup de travail reste encore à faire au niveau de la cohésion collective. Ce qui a instillé le doute dans le cœur des Oranais et, en partie, expliqué que leur confiance dans les «guerriers d'Oum Dourman» ait été à ce point ébranlée. Ceci étant dit, il revient aux Verts de prouver que les craintes de leurs supporters ne sont plus justifiées, que les récents déboires ne sont que la conséquence d'un passage à vide désormais dépassé et qu'ils ont les capacités de revenir dans la course dès ce soir à Annaba. Surtout, ils doivent défendre leur titre de mondialistes et démontrer que leur réputation n'est pas usurpée. Emotions et sentiments mis à part, beaucoup de spécialistes de la balle ronde estiment qu'en dépit de leurs faiblesses, les coéquipiers de Boudebbouz ont les moyens de se ressaisir et de faire la différence face aux joueurs d'Eric Gerets. Pourvu qu'ils retrouvent leur grinta d'avant la Coupe du monde 2010.