La 27e édition des Journées cinématographiques de Carthage s'est clôturée samedi à Tunis. L'Algérie y a décroché le Tanit d'argent de la première œuvre pour «Maintenant ils peuvent venir» de Salem Brahimi mais c'est ailleurs que la délégation algérienne a fait entendre parler d'elle. Une vidéo circulait depuis samedi sur les réseaux sociaux et a immédiatement suscité émoi et indignation des deux côtés des frontières. L'actrice Bahia Rachedi, retenant difficilement ses larmes, y dénonce l'humiliation de l'Algérie par les organisateurs des JCC et les officiels tunisiens : «Depuis que je suis ici, je constate un manque de respect flagrant envers l'Algérie ! Personne n'a demandé après nous, nous avons été livrés à nous-mêmes.» Pire, lors de la cérémonie de clôture, la comédienne raconte que les artistes algériens ont été placés au dernier rang de la salle : «Un lieu mal éclairé réservé aux personnes venues sans invitation et où nous étions assis sur des chaises en plastique.» Et d'interroger les organisateurs : «Pourquoi nous inviter si c'est pour nous humilier ainsi ? Vous avez perdu l'Algérie et son peuple car, dans mon pays, je suis aimée et respectée, alors qu'ici, j'ai été rabaissée.» La comédienne déclare, par ailleurs, qu'elle a quitté la cérémonie en signe de protestation. Contacté hier, Brahim Letayef, directeur du festival, assume «sa grande responsabilité en tant que responsable, quelle que soit l'implication des JCC», mais tient à préciser qu'il n'y a pas eu véritablement une délégation algérienne cette année ni d'ailleurs de films algériens inscrits : «J'étais étonné de ne pas recevoir de films algériens parmi les 700 films qu'on nous a envoyés de plusieurs pays africains et maghrébins. Bien avant la clôture des inscriptions, je me suis entretenu avec Mme Chahinez Mohammedi, secrétaire générale du Centre algérien du cinéma, pour demander une liste de films que le centre voudrait proposer pour la compétition officielle. Cela n'a pas été fait.» Pour ce qui est du cas de Mme Rachedi, Brahim Letayef indique que la comédienne faisait partie de l'équipe du film Saint Augustin, une production algéro-tunisienne projetée en avant-première aux JCC en hors-compétition et «c'est l'équipe de la production qui a failli dans le suivi de ses invités. Cela ne m'empêche pas, cependant de m'excuser, au nom du festival, même si en tant que directeur, je ne peux pas être partout. Il y a eu certainement un manque d'attention de la part du comité d'accueil mais je pense qu'il faut excuser la jeunesse de ses membres qui ne connaissent pas forcément l'importance et la valeur de certaines personnalités du cinéma». Par ailleurs, soulignons que le ministre de la Culture tunisien, Mohamed Zinelabidine, a reçu hier matin Bahia Rachedi pour lui présenter des excuses officielles.