Les commerçants se montrent de plus en plus frileux à l'égard du billet vert. «Dans mon magasin je n'accepte pas ces billets, je ne veux pas me retrouver avec une fausse fortune», déclare un commerçant au centre d'Alger. Près de deux mois après son émission, le billet de 2000 DA ressemble encore pour beaucoup de citoyens à l´Arlésienne. Bien plus, il suscite une certaine crainte et appréhension. «On est loin de la curiosité habituelle qui a caractérisé l´émission des autres billets comme celui de 1000 DA par exemple», constate un banquier contacté par L´Expression à ce sujet. «Ce billet a été en quelque sorte fragilisé par la précipitation avec laquelle il a été mis en circulation», relève le même banquier. En fait, il n´ y a pas que cette précipitation qui a généré résistance et répulsion chez le citoyen. Bien avant la mise en circulation de ce nouveau billet de 2000 DA, la rumeur a parasité l´environnement faisant circuler l´idée d´une falsification à très grande échelle des billets de 1000 DA. Des informations invraisemblables ont alors circulé et on racontait même qu´un puissant réseau chinois était derrière cette opération de grand trafic à grande échelle. L´opinion publique a été, de ce fait, matraquée et intoxiquée au point de lui inculquer la réticence. En face, il n´ y a avait absolument rien. La Banque d´Algérie, comme toute institution publique, est restée sans la moindre communication. Aucun travail de sensibilisation n´est fait auprès des citoyens. Pour eux, ce billet est facilement falsifiable puisque il a les mêmes dimensions que celui de 1000 DA qui a fait florès chez les faussaires. Le nouveau billet est pourtant émis. Mais d´autres insuffisances l´ont accompagné. La Banque d´Algérie, malgré les garanties données d´assurer la sécurité du billet de 2000 DA, n´a pas pu empêcher la rumeur de la circulation de faux billets de 2000 DA. A cela s´ajoute le fait que l´accompagnement des équipements acquis par les banques pour ce nouveau billet fait défaut. «La Banque centrale a mis en circulation un nouveaux billet sans paramétrer les machines de distribution des banques pour le reconnaître», a précisé cette source. Côté cour: «C´est un vrai fiasco», mais qu´en est-il côté jardin? «Les gens sont craintifs par rapport à ce billet, par manque de confiance. A voir la manière de son lancement, je sens qu´il y a risque de son retrait à n´importe quel moment», a ironisé un commerçant tout en précisant que les rumeurs circulent sur l´existence déjà de faux billets de 2000 DA. «Entre nous, dans mon magasin je n´accepte pas ces billets. Je ne veux pas me retrouver avec une fausse fortune», a déclaré le propriétaire d´un magasin à Alger-Centre. Et, encore une fois, la Banque d´Algérie est restée muette et n´a donné aucune raison sur toutes ces lacunes au lendemain de son injection. «Cette nouvelle coupure a les mêmes dimensions que le billet de 1000 DA, chose qui a laissé les gens penser qu´il est facilement falsifiable», a soutenu notre source, et d´ajouter que «la Banque d´Algérie conçoit et imprime les billets. Cette opération nécessite un temps. Jusque-là, elle les imprime et les introduit au fur et à mesure via la Poste, c´est ce qui a provoqué sa rareté», explique le même banquier. Déjà cette décision d´émettre un nouveau billet «ne pourra pas résoudre le problème du manque de liquidités», selon de nombreux observateurs, qui prédisent que «l´augmentation de la masse monétaire existante sur le marché risque l´aggravation de la situation. Son émission présente un sérieux problème», estiment des banquiers contactés par L´Expression. Si ça ne tenait qu´à cela. «L´émission de ce billet a été décidée dans le vif. La faute revient à la Banque d´Algérie qui a agi dans la précipitation», a indiqué une source de la Banque d´Algérie. Pis encore, les commerçants se montrent de plus en plus frileux. Un insuccès jusque-là! Destiné pour juguler la crise de liquidités enregistrée au niveau des guichets des Postes, cette mesure n´a finalement pas réglé grand-chose. Puisque le problème perdure.