Résumé : Malgré la jalousie de son entourage, Hakima sait qu'elle a une maman qui s'occupe d'elle. Pour ne pas la décevoir, elle redouble d'effort à l'école et n'a aucun mal à décrocher à chaque fin d'année les meilleures notes et une multitude de prix. Jamais sa "maman" n'a été autant fière d'elle, et jamais les petites filles du foyer et les camarades de classe n'ont été aussi jalouses et envieuses envers elle. Alors qu'elle atteignait ses dix ans, Hakima comprenait enfin qu'elle n'était pas comme les autres filles de son école. Qui était-elle alors ? Quelquefois, elle se réveillait la nuit, les joues inondées de larmes et le corps en sueur. Elle entendait souvent dans son sommeil une voix lointaine. Une voix de femme triste et plaintive. Cette voix, elle ne la reconnaissait pas, car elle ne l'avait jamais entendue dans la réalité. Ce rêve revenait chaque nuit perturber son sommeil, et elle en vint jusqu'à perdre l'envie de vivre. Sa "maman" remarque tout de suite ce changement et le prit tout d'abord pour une forme de "maturité" physique. Hakima serait bientôt une adolescente et, à cet âge, beaucoup de choses peuvent changer dans la personnalité d'une fille. Mais le "mal" perdurait. En dehors de son école et de son foyer, Hakima se réfugiait dans une solitude qui n'augurait rien de bon. Elle restait parfois de longues heures à méditer sur son sort, tout en faisant mine de lire ou d'étudier. Pourtant, elle continuait à bien travailler à l'école, et aucun enseignant ne se plaignait de sa conduite. La directrice du foyer ne cachera plus son inquiétude et se confie à la "maman". Cette dernière ne se fera donc pas prier pour passer à l'action. Elle invite Hakima à passer le week-end chez elle et lui fera découvrir un tas de choses dont elle ignorait jusque-là l'existence. Hakima est subjuguée. Sa "maman" habite dans une grande et belle maison et possède des merveilles qu'on ne voyait que dans les revues ou à la télévision. Hakima touche à tout. Elle découvre les sonorités variées du piano à queue, les livres reliés de cuir dans la grande bibliothèque du salon, les chambres décorées avec goût et surtout la belle cuisine ensoleillée où sa "maman" lui prépare de succulents plats. La fillette courait d'une chambre à l'autre de la maison et passait de découverte en découverte. Sa chambre était toute tendue de velours et de soie. Des livres trônaient au chevet de son lit, et des vêtements neufs étaient pendus dans l'armoire. Elle avait de nouvelles tenues ! Elle saute de joie et se met à les essayer une à une devant la grande glace de la coiffeuse qui lui faisait face. Tous ces trésors sont à elle ! Elle sourit et tire une langue rose devant son reflet. - Je ferai encore des jalouses. Sa "maman", qui ne veut pas trop la déranger, la regarde d'un air triste au seuil de la chambre. Hakima ne se rend compte de sa présence qu'une fois qu'elle avait terminé ses essayages. - Maman ! Oh, je... je suis tellement heureuse. Tu m'as acheté tant de belles choses. La jeune femme vient se mettre derrière elle et se met à la coiffer. - Tu as de beaux cheveux, Hakima. Elle passe une main caressante le long de la tignasse noire de la fillette, puis se met à la peigner. - Je vais te les natter, comme ça tu auras moins chaud, ma chérie. Hakima sourit, heureuse. - Tu me mettras des barrettes rouges ? Sa "maman" hoche la tête. - Si tu veux. Mais pourquoi veux-tu mettre des barrettes rouges ? Hakima sourit encore. - Je vais mettre la robe rouge à col blanc. Cela ira mieux avec, n'est-ce pas ? La jeune femme lui pince la joue. - Petite coquine. Tu es déjà coquette à ton âge ! La fillette se met à sautiller. - J'ai vu cela à la télévision. Les filles portent toujours des bandeaux ou des barrettes de la couleur de leur tenue. - Qu'à cela ne tienne, je te coifferai avec des barrettes rouges. (À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.