Le plan de relance socioéconomique devrait être présenté, aujourd'hui, aux partenaires sociaux, à l'occasion d'une réunion tripartite qui se veut une réponse au double choc lié à la chute des cours pétroliers mondiaux et l'impact de la crise sanitaire liée au coronavirus sur l'économie. Le plan contient, d'ailleurs, une série de mesures de soutien aux entreprises pour leur permettre de faire face à la crise et, plus concrètement, de faire repartir la croissance et réduire le coût social de la crise. Le gouvernement a maintes fois laissé entendre qu'il est particulièrement attentif à la situation dans laquelle se débattent les entreprises. Il avait peu à peu levé un pan du voile sur ce que devra être son plan de soutien aux entreprises, annonçant tantôt des mesures d'accès au crédit à faible coût, tantôt un assouplissement fiscal censé permettre à la trésorerie des entreprises de respirer et de mieux faire face aux charges sociales. L'activité économique s'essouffle. En témoignent les chiffres de l'Office national des statistiques qui a annoncé une croissance négative de -3,9 au 1er trimestre de l'année. Le ralentissement économique au second trimestre serait plus prononcé, étant donné que les mesures de confinement n'avaient été instaurées qu'à la fin mars, fragilisant nombre d'entreprises ; certaines baissant carrément rideau, d'autres réduisant leur voilure, faute de trésorerie et de personnels mobilisables en temps de crise sanitaire liée à la diffusion du virus Covid-19. Les entreprises ont été sérieusement fragilisées par le choc de la crise sanitaire. Rendre leur endettement facile et moins coûteux qu'en temps normal est un sujet central qui devrait figurer au menu de la réunion gouvernement-partenaires sociaux. Le gouvernement avait annoncé que 1 000 milliards de dinars, représentant essentiellement les fonds dormants dans les comptes spéciaux et le reliquat non consommé des 6 500 milliards de dinars produits par la Banque centrale au profit du Trésor, étaient immédiatement mobilisables pour soutenir le plan de relance, auxquels s'ajouteront 10 milliards de dollars. Le gouvernement se savait pris en étau et l'unique issue était de mettre le paquet sur l'investissement. Ce plan de relance par l'investissement et l'entreprise serait aussi l'unique réponse aux défis de croissance et d'emploi. Les prévisions les plus optimistes en la matière tablent sur une récession de -5,2 cette année (FMI) et un taux de chômage de près de 14% (Banque africaine de développement). Le plan de relance doit être massif car il y a véritablement péril en la demeure. Et l'investissement doit être le maître-mot de cette nouvelle feuille de route économique. Du temps a été perdu et des entreprises se sont mises déjà à licencier et à déposer leur bilan. D'où la nécessité d'agir vite au niveau de l'administration économique, s'érigeant souvent en écueil, afin que les mesures de relance soient concrétisées dans les meilleurs délais. L'Exécutif est tenu de faire des annonces fortes à la mesure de ce qu'exige la crise comme traitement. Faute de quoi, le moral des patrons et des ménages s'érode, l'investissement se ralentit et les perspectives s'assombrissent davantage. Les enjeux ne sont pas des moindres car il est question de traiter à la fois les séquelles de la pandémie de Covid-19, les contrecoups de la rechute des prix du pétrole et les maux d'ordre structurel dont souffre l'économie du pays. C'est le moment ou jamais de construire le consensus tant voulu autour des grandes questions de développement et des impératifs de changement aussi bien à l'horizontale qu'à la verticale.