En présidant, jeudi, une réunion de travail, qui peut être qualifiée d'exceptionnelle, consacrée au secteur du commerce et au renforcement des mécanismes de régulation du marché national, le Président Abdelmadjid Tebboune a clairement signalé quelles sont les priorités du nouveau Premier ministre par intérim, Sifi Ghrieb, qu'il venait juste de nommer. Il s'agit de l'approvisionnement du marché national en divers produits, afin d'éviter toute forme de perturbation ou de pénurie dans les produits de large consommation. Cette urgence immédiate, à laquelle il faut répondre pour maintenir le climat de sérénité et de stabilité dans le pays, rejoint une urgence plus stratégique qui concerne la production nationale, dans l'industrie et l'agriculture, dont il faut renforcer le volume et la qualité pour satisfaire les besoins des citoyens et même exporter les surplus afin de se libérer de la dépendance aux recettes de vente des hydrocarbures qui subissent les fluctuations du marché mondial. L'exigence du renforcement de la production industrielle a été mise en relief lors de la réunion précédente que le Président Tebboune a consacrée au secteur des transports. Deux décisions significatives ont été prises au cours de cette réunion: l'importation immédiate de 10.000 bus de transport de voyageurs neufs pour remplacer les anciens et l'importation immédiate et massive de divers types de pneus pour véhicules. L'Algérie ne produit pas suffisamment de bus, et même situation pour les pneus. Les projets dans la filière automobile sont en cours de lancement. Il est certain qu'une plus grande attention leur est accordée dans la mesure où leur importance a été vérifiée. Des observateurs n'ont pas manqué de rappeler, à cette occasion, le sort qui est réservé à nombre de projets industriels qui n'arrivent pas encore à démarrer accusant des retards de plusieurs années, parfois cinq ans dans certains cas. Les raisons des ralentissements, voire des blocages, sont connus, soulignent ces mêmes observateurs qui les imputent aux circuits administratifs et bancaires. C'est, précisent-ils, l'absence de budget d'exploitation ou de matières premières. Il n'est pas rare, ajoutent-ils, que la problème se situe plus en amont, dans le retard des investisseurs à se mettre en conformité avec la législation concernant les risques de danger (incendie, explosion, dissémination dans l'atmosphère de produits toxiques), or le visa des services de l'Environnement et celui de la Protection civile dépend de ce préalable. Ces services ne peuvent pas mettre en veilleuse des dispositions du droit algérien, parce qu'elles sont considérées comme obstacle au lancement d'un projet. Il s'agit de lever les obstacles aux investissements pour favoriser la croissance économique, mais en restant dans le cadre juridique en vigueur qui inclut également le dispositif de lois et règlements traitant des risques à l'environnement. De nombreux accidents industriels sont dus à l'absence de plan de prévention des risques et au non-respect des normes de sécurité dans les installations industrielles concernées alors qu'il s'agit d'obligations légales. Evidemment, il y a des projets industriels qui peuvent être bloqués pour des raisons bureaucratiques et il est facile de le constater et de lever ces blocages pour laisser la production démarrer. Les réseaux sociaux citent souvent ces cas faciles à résoudre, bien que leur nombre est certainement plus important que ce qui est médiatisé. Il ne faut pas perdre de vue que le Président Tebboune a affirmé, il y a quelques mois, que l'Algérie était déterminée à rejoindre le rang des pays émergents avec pour objectif d'atteindre un Produit intérieur brut (PIB) de 400 milliards de dollars d'ici fin 2027. C'était à l'ouverture de la deuxième édition de la Rencontre nationale avec les opérateurs économiques. Il a, à cet égard, insisté sur l'impératif de libérer l'initiative en matière d'investissement, notamment dans le domaine de l'industrie, où l'Algérie a enregistré un bond qualitatif, estimant que «pour qu'il y est développement, la part de l'industrie dans le PIB doit être portée à 13-14 %». Dans l'agriculture, on peut se féliciter de la dynamique enregistrée en matière d'investissement et de production dans plusieurs filières agricoles, ayant contribué à la réduction de la facture des importations de l'Algérie. Mais, il y a encore beaucoup à faire. Le recensement national agricole a certainement confirmé les progrès mais aussi indiqué les failles à combler :la logistique (équipement, transport, stockage), l'encadrement scientifique et technique. Des comités de suivi sont indispensables.