Le car bondé de voyageurs s'est garé devant l'ancienne « place de la charia ». Sur le toit, les valises et les sacs remplis de marmites de la famille Maïga: neuf mois après avoir fui les jihadistes, Bibata et ses enfants rentrent à Gao, la plus grande ville du nord du Mali. Comme les Maïga, des centaines de Maliens sont revenus ces derniers jours vivre à Gao, selon Almahadi Ag Akeratane, responsable de l'ONG malienne Tassaght, qui tente de recenser ces déplacés pour les aider. Un retour «massif » qui «pose de gros problèmes d'accès à la nourriture », dit-il. Bibata Maïga, une grande femme fine de 47 ans, reprend son souffle après deux jours de car depuis Sévaré (centre). Elle regarde son fils Aziz, 19 ans, décharger valises, caisses et sacs d'oignons, au total «dix bagages ». Ses deux autres fils, Alassane, 12 ans, et Abdulaï, 8 ans, se tiennent près d'elle. Elle porte les couvertures usées dans lesquelles ses trois fils ont dormi la nuit dernière à un check-point. Kalachnikov en bandoulière, son mari, un soldat malien, est là: il a fait le voyage quelques jours plus tôt. Le périple de la famille, par 40 degrés, a commencé par trois jours d'attente à la gare routière de Sévaré: il n'y avait plus de place dans les cars de Bamako qui remontaient vers le nord. Quelque 170.000 Maliens ont fui la région pour des pays voisins et 260.000 autres ont été déplacés dans le pays, depuis début 2012, selon l'agence onusienne de coordination des affaires humanitaires. A Gao où vivaient environ 90.000 habitants, le responsable de l'ONG Tassaght assure que 80% des habitants ont fui. «Il n'y a pas une famille où il ne manque pas quelqu'un », relève Yacouba Maïga, conseiller municipal. C'est la première chose que remarque Aziz en rentrant à pied avec sa mère, ses frères et leurs bagages, sous un soleil de plomb: «les rues sont calmes ». Elles devraient s'animer à nouveau, car la sécurité revenue à Gao depuis plus de deux semaines convainc des déplacés de rentrer.