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«Les traducteurs sont méconnus et mal payés»
Françoise Wuilmart. Traductrice littéraire belge
Publié dans El Watan le 12 - 05 - 2012

Professeur en philosophie et Lettres, traductrice littéraire, fondatrice et directrice du Centre européen de traduction littéraire, fondatrice et directrice du Collège européen des traducteurs littéraires belges, Françoise Wuilmart était à Alger dans le cadre de trois journées d'étude sur la traduction. Dans cet entretien, cette universitaire revient sur la notion du métier de traducteur.
- Quelle a été votre formation ?
Ma formation est littéraire. Au lycée, j'ai fait du grec et du latin. C'est une école magnifique de préparation à la traduction. Je suis née en Wallonie, où j'y ai fait mes premiers pas, et puis, je suis très vite montée à Bruxelles. Au lycée, j'ai suivi la filièrehumanités classiques, latine et grecque. A l'université de Bruxelles, j'ai fait section philosophie et Lettres, section germanique. A ce moment-là, la section germanique nous imposait d'apprendre trois langues : l'irlandais, l'anglais et l'allemand, mais en licence, les deux dernières années, on s'est spécialisés dans une langue. J'ai donc choisi l'allemand. C'est une langue magnifique, riche lexicalement. Elle est plastique et créative. C'est également une langue de philosophe. Elle a un lexique qui rend très bien les concepts abstraits. L'allemand a une foule de mots pour les sons acoustiques. C'est aussi une langue sensuelle. Pour moi, elle est complète et sa sonorité, je l'adore, car elle a, comme le grec, des voyelles pures. Cela donne une sonorité claire et pure à la longue. Je suis sortie de l'université en 1965.
- Comment avez-vous basculé dans la traduction littéraire ?
Je n'ai jamais voulu être traductrice littéraire. Cela m'est tombé dessus comme une fatalité et comme un destin. Quand j'ai terminé mes études, je voulais me marier et avoir des enfants. Un jour, alors que j'assistais à un séminaire à l'université en tant qu'étudiante en deuxième licence, un assistant de philosophie, qui était également directeur de collection chez Gallimard, m'a sollicité en 1966, pour traduire un auteur allemand. J'ai dit honnêtement à cet éditeur que je ne savais pas ce que traduire était et que je ne connaissais pas l'auteur en question. Je lui ai demandé de me laisser le livre afin de voir. J'avais fait des traductions dans des versions latine et grecque, mais pas de traduction littéraire. J'ai trouvé ce livre extraordinaire. Ce n'était pas de la philosophie qui planait, c'était un poète qui écrivait avec une approche phénoménologique. En fait, il ancrait sa philosophie de l'espérance dans le concret quotidien de l'enfance. Je me suis reconnue. J'ai décidé alors d'essayer. On m'a dit que j'avais trente pages d'essai. J'ai mis six mois pour les faire, tellement c'était difficile sur le plan stylistique et sur le plan des recherches. Au bout de six mois, j'ai envoyé cet essai traduit de l'allemand au français à Paris. On m'a informé par la suite, par voie postale, que ma traduction était excellente. On me demanda de venir signer le contrat. C'était, pour moi, une nouvelle magnifique. Entre-temps, j'avais terminé mes études. Je m'étais mariée et je faisais de la traduction. J'ai toujours traduit partout, dans un avion, dans un train, à la plage, à mes moments perdus. J'étais prise au jeu. Et c'est ainsi que ma carrière a démarré. Le principe d'espérance comportait trois volumes excessivement longs, près de 2000 pages en tout, et j'ai mis vingt ans pour faire les trois volumes avec une pause d'un an à chaque volume. Le premier tome est sorti en 1982. Le travail était tellement difficile et ardu que je l'ai assorti d'une série d'articles. J'ai créé une terminologie qui a été reprise par la suite par d'autres traducteurs, car il y avait 20 volumes que je ne pouvais pas faire toute seule. Cela a constitué un corpus, qui a fait l'objet de ma thèse de doctorat.
- Vous vous êtes fait un nom à partir de cette première expérience...
Tout à fait, je me suis fait un nom. Les critiques trouvaient que c'était une belle traduction. Le hasard a voulu qu'un an après ma première traduction, un autre éditeur d'Acte Sud me contacta pour la traduction d'un texte d'un auteur autrichien, Jean Amari. La traduction du premier essai avait été confiée à une traductrice. Comme cette traduction a été mal faite, on m'a demandé de faire une expertise et de corriger cette traduction. Voilà comment j'ai signé mon second contrat avec, cette fois-ci, un autre grand auteur autrichien. J'ai traduit ses quatre essais. Entre-temps, comme il fallait gagner sa vie, je faisais des traductions alimentaires pour des dramatiques de l'opéra et pour des articles de journaux.
- Selon vous, qu'est-ce qui différencie une bonne d'une mauvaise traduction ?
Je crois que la base est la cohérence textuelle. Un bon traducteur livre un texte cohérent. Un bon traducteur doit savoir bien écrire. A titre d'exemple, j'ai vu tout de suite que la première traduction de Jean Amiri était mal faite. Il y avait trop de mots et pas de rythme. Il y avait des fautes de base. Il faut savoir que quand un auteur écrit, il contrôle tout et écrit des champs sémantiques pour créer une atmosphère. Il faut savoir également rendre compte du ton. Il faut être imprégné et sensible à ce que l'auteur a voulu produire comme effet. Le traducteur est un analyste. Il analyse son texte à fond, il le met à plat. Il va chercher toutes les ficelles qui sont derrière.
- Quelles sont les difficultés spécifiques d'un traducteur actuellement ?
Sur le plan de la traduction, on reste parfois une heure sur une phrase parce qu'on ne trouve pas les mots adéquats, ou bien on abandonne pour laisser au lendemain. Il ne faut pas insister si au bout d'une heure on n'a pas trouvé la formulation. Les difficultés du traducteur littéraire, c'est que sa spécialité n'est pas reconnue comme métier. Nous sommes mal payés, déconsidérés. A titre d'exemple, j'ai traduit le splendide Journal intime d'une femme à Berlin. On a beaucoup parlé de ce livre, souvent, sans citer mon nom. Or, à partir du moment où vous citez des passages entiers de ma traduction à l'antenne, en disant «quel beau style et quelle belle écriture !», on se doit de mentionner mon nom. Ce journal intime a été porté même à la scène. Mon nom n'était pas non plus sur l'affiche. Les gens ont applaudi à toutes ses lectures sans savoir que c'était un texte traduit. Nous autres traducteurs sommes complètement méconnus et mal payés. On pense que nous sommes des machines et qu'il est aisé de passer d'une langue à une autre. C'est tout un métier que d'être traducteur. Le traducteur est le meilleur ambassadeur culturel qui soit.
- Quelle est votre appréciation sur la traduction en Algérie ?
Je crois que sur le plan de la traduction littéraire, les traducteurs algériens sont tout à fait au début. J'ai constaté qu'il y a certaines personnes qui sortent du lot, parce qu'elles ont un talent énorme et qu'elles ont su se former seules. Je pense que sur le plan de la formation, tout est à faire. Il faudrait que l'Algérie ouvre une école de traduction et offre des formations par ateliers.


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